Chez nous, en Algérie, ce sont les joueurs qui décident de la durée de vie d'un sélectionneur ou la Fédération algérienne de football qui décidément s'implique, elle aussi, dans le jeu des entraîneurs, comme si la malchance accompagne notre football. L'histoire ne bégaie pas, elle résonne de plus en plus fort. Le football ne colle plus, il ne fait plus vibrer. Tant d'espoirs fondés sur nos représentants et tant de déceptions qui s'accumulent sans qu'aucune chirurgie possible et efficace n'intervienne pour remettre en forme cette discipline. Qui est responsable aujourd'hui ? Qui est derrière ces échecs ? Tout le monde décide et tout le monde se rejette la balle. Ce n'est pas moi, c'est l'autre. Mais l'histoire est dure, méchante et révélatrice des échecs, révélatrice des erreurs de la politique du sport. Tant d'entraîneurs ont laissé leurs traces, en deux mandats, dix sélectionneurs se sont présentés comme les champions à même d'apporter ce qui fait défaut à nos Equipes nationales. Ailleurs, on continue à se battre pour réussir sur les terrains et apporter même des échecs, la belle image d'un football engagé. Mais chez nous, c'est une autre affiche qui domine, c'est le vedettariat inculqué presque par nos dirigeants qui donnent souvent l'allure de personnes qui n'arrivent plus à gérer cette discipline. Les supporters, les professionnels du sport réagissent avec méchanceté à ces résultats et à la gestion de la FAF. «Nous sommes en train de perdre du temps, un temps fou, et le jour viendra où il sera trop tard pour soigner la plaie. Il faut réagir maintenant pas demain», signale un ancien joueur des années 1982. Croisant ces bras, mordant ses lèvres, il ajoutera khessara (dommage). Qui aurait dit que notre football allait être géré par ceux qui n'ont rien à voir avec le sport ?» Il montre du doigt Dely Ibrahim. Disant alors stop ! Stop ! A ces tâtonnements qui font de notre football une vitrine d'amateurisme. Arrêtons de présenter les excuses au peuple à chaque élimination ou défaite humiliante. Ce n'est pas le bon traitement, encore moins la meilleure dose pour convaincre ce peuple qui réclame du changement à tous les niveaux de la hiérarchie de notre football. Les plus pragmatiques, en revanche, estiment qu'il y avait urgence et que de ce fait, l'on ne pouvait plus se permettre de se perdre dans les détails, ajoutant qu'«on ne peut faire d'omelette sans casser les œufs». Les sélectionneurs débarquent et repartent avec des chèques sans renvoyer l'ascenseur. On est presque les meilleurs, pour ne pas dire, les champions de ce tourne manège des entraîneurs. Ils sont presque tous les meilleurs de la planète comme ils sont ou presque, tous des élèves de l'Algérie. Ils viennent, ils améliorent leur performance et s'envolent ailleurs. Jamais de stabilité n'a été enregistrée chez nous. La dernière valse est celle de Saâdane «dégommé» en pleine compétition. C'est quoi au fait ce contrat censé être d'une si grande importance mais qui est conclu en si peu de temps ? Pourquoi ? Le dossier est encore ouvert, peu de vérités sur son départ mais cette vérité arrivera bien un jour à refaire surface et ce jour là, nous la verserons au dossier. Quel avenir prédire à notre football ? Malin celui qui répondra cette brûlante interrogation. Aujourd'hui, ce n'est ni le contrat d'engagement ni le résultat. Aït Djoudi vient de secouer le tablier qu'il a porté depuis bien longtemps. Il le raccroche. Ses élèves n'ont pas appris la leçon. Il est clair que le professeur n'accompagne jamais ses élèves en classe lors des examens. C'est à eux de se défoncer pour avoir la moyenne. Le résultat est là, collé à la peau de tout un chacun. On est aujourd'hui à la recherche de la bonne solution, une solution «diet-fibra» qui joue à cache-cache avec notre moral. Allons-nous avoir une équipe capable de sauver les couleurs ou pas ? Difficile de répondre à cette lourde question chargée d'interrogations et d'hypothèses. Quel entraînement donner aussi à ces joueurs, jouer et défendre les couleurs ou alors jouer pour séduire et tenter de franchir la barrière et rejoindre les clubs étrangers ? Aït Djoudi a échoué mais il n'a rien à regretter, au contraire, il a découvert ou plutôt, il a compris que le football c'est aussi une forte expérience et l'expérience repose sur la volonté de gagner et de faire la différence. Ce n'était pas le cas. Certains joueurs n'ont pas eu cette rage de vaincre. Quittera-t-il ? Ne quittera-t-il pas cette équipe ? Rien n'est encore sûr. C'est de l'incompétence footballistique, de la méconnaissance du jeu. Et c'est évidemment intolérable. Les moins de 23 ans ont tout simplement confirmé leur statut d'équipe la plus illisible de la compétition. La formation du jeune sélectionneur continue d'être une énigme. Parfois irrésistible, parfois totalement à côté de son sujet, il avait choisi la deuxième option ce jour là. Mais encore une fois, ne dit-on pas que trop de turnover tue le turnover ? C'est aussi dire, sans méchanceté, que l'Equipe algérienne n'acquiert pas assez d'automatismes et de temps à autre, elle perd le fil de son jeu. Le directeur sportif de l'équipe le reconnaît malgré lui, il porte une lourde responsabilité dans la décrépitude de l'équipe. Pourtant, au regard de ses déclarations à la télévision marocaine ou égyptienne, il avait, avant le match, promis une victoire au peuple, parce qu'il avait mis au point une stratégie de fer pour mettre à plat cette équipe nigeriane qui n'avançait pas durant cette confrontation africaine. Mais alors, que s'est-il passé ? Le verrouillage de la défense adverse n'a pas été cassé. Les tirs n'étaient pas puissants. La maladie de la superstar a été plus forte, notamment à force de s'entendre dire qu'ils ont les moyens de marquer à tout moment avec la qualité de leurs attaquants. Erreur d'appréciation, le mal est chez les joueurs qui n'ont rien compris encore au jeu pour ne pas dire au football. Le vedettariat et la construction de la marque de star demeurent les seules et uniques préoccupations et base de travail. Une victoire, deux défaites, une élimination par une équipe du Nigeria qui était déjà éliminée, c'est exactement ce qui fait la différence entre la lettre et l'esprit.