Selon Mokhtar Lakhdari, directeur des affaires pénales et de grâce au ministère de la Justice, qui intervenait sur les ondes de la Chaîne III dont il était l'invité de la rédaction, en 2010, 500 affaires de corruption ont été traitées par les tribunaux en Algérie et le gros de ces affaires touche aux détournements de fonds. Les marchés d'équipement ainsi que tout ce qui est lié au commerce international sont également des niches de corruption, fait-il observer. Des pôles spécialisés, fait-il savoir, ont été chargés, depuis 2006, des affaires de corruption. Ces pôles sont outillés pour lutter, dans la sérénité, contre la criminalité organisée. La loi sur la prévention et la lutte contre la corruption a inscrit une vingtaine de cas qui relève de ce que l'on appelle la corruption, rappelle-t-il. Cette loi date de 2005, c'est-à-dire après la ratification par l'Algérie de la Convention des Nations unies sur la lutte contre la corruption. Elle traite de la prévention, c'est-à-dire la transparence, le code de déontologie dans les entreprises, le rôle de la société civile et celui des médias et elle traite également du volet répressif avec des règles particulières de procédure qui, entre autres, garantissent la protection des dénonciateurs ainsi que l'imprescriptibilité de la poursuite lorsque le produit de la corruption a été transféré à l'étranger. Mais, tient-il à souligner, la loi ne suffit pas à lutter contre la corruption, même si elle est un élément essentiel traduisant la volonté politique de lutter contre la corruption. Le dispositif juridique doit être complété par un environnement qui réduit les possibilités de corruption, ajoute-t-il. Il fait savoir que là où il y a pouvoir décisionnel sans contrôle, il y a possibilité de corruption. Pour M. Lakhdari, au niveau de toutes les instances de décision, il faut le contrôle et la transparence ainsi que la reddition des comptes. Le problème de la corruption renvoie aussi, ajoute-t-il, à la morale et à l'éthique. En Algérie, fait-il constater, on a un seuil de tolérance élevé, un travail de sensibilisation doit être fait pour faire intervenir tous les concernés et aboutir à une synergie entre tous ces efforts dans le cadre d'une stratégie. A propos du classement de l'Algérie par Transparency International, il fait observer qu'on est jugé plus sur la perception que sur la réalité de la corruption dans notre pays. Pour lui, ce classement n'est pas convaincant, Tranparency s'intéresse à la demande de corruption et non pas à l'offre. L'ONG ne s'intéresse pas à l'évasion fiscale et au transfert illicite de fonds à l'étranger, par exemple, fait-il remarquer. En outre, ajoute-t-il, le rapport de Transparency International n'est pas «innocent» dans la mesure, explique-t-il, où cette ONG fait appel à des hommes d'affaires, à des agences de risque économique ; il y a, donc, dit-il, un arrière-plan économique qui cache des enjeux stratégiques. Résultat : il estime que la géopolitique de la corruption n'est pas à l'avantage des pays en développement.