Les soirées de décembre peuvent sembler glaciales en ces temps de frimas automnaux, même si le soleil et le bleu azur du ciel nous rassurent sur nos sorties culturelles. Il s'avère que cette fin d'année est de bon augure pour les expositions et rencontres qui se succèdent sur les cimaises de quelques bonnes galeries du cru algérois. La dernière, datée du 3 décembre dernier a réuni un aréopage d'artistes et de dégustateurs de la choses plastique autour de Cinquième saison, une exposition de Valentina Pavlovsakaya Ghanem, organisée au sein de la galerie Art 4 You, située dans la rue Hocine Beladjel à Alger. D'emblée, les murs ocres de cette petite île artistique laissent une impression de chaleur intense et d'intimité pour offrir aux travaux exposés un cocon amical aux peintures qui trônent sur les murs. De modestes en-cas sont disposés sur un minuscule comptoir, et l'on se bouscule un petit peu, une bouteille d'eau ou un jus à la main. Les discussions prennent vite un tour agréable, mais elles se poursuivent souvent dans la rue, attirant ainsi les regards curieux des passants. L'alchimie prend et le résultat assuré de voir de nouveaux amateurs franchir le pas de cette jolie enclave des arts. Inutile de dire que la flamboyante plasticienne Valentina Ghanem a réussi par son charme «circéen» à attirer nombre de soupirants acquis à son travail de peinture, dont la sensualité notoire n'est plus qu'une simple réputation mais plutôt l'affirmation d'un talent sincère dédié à la beauté des âmes. Sur quelques 27 peintures de grands et moyens formats, Valentina Ghanem expose des anciennes et récentes productions déclinées sur quelques techniques qu'elle préconise comme l'acrylique, le fusain, l'aquarelle, la craie d'art et aussi l'huile sur toile. Entre l'étape où elle était en compagnie de Moussa Bourdine, Rachid Djemaï et Mustapha Nedjaï à Maghnia pour une exposition magistrale fortement surprenante dans une ancienne église réinvestie pour le plus grand bonheur des artistes et du public maghnaoui, Valentina Ghanem revient donc pour une trêve en attendant une prochaine exposition qui sera une promesse de grande qualité. Pour patienter donc, elle nous accueille à bras ouverts pour une démonstration subtile, entre Cinquième saison, L'été, L'hiver, Bain de soleil, Dans le jardin d'Eden, Bleu ardent, réalisées dans le désordre comme autant d'hymnes à l'amour, à la spontanéité mais aussi à de vénéneuses joutes sensuelles. Valentina est une artiste paradoxale qui traite ses sujets pour la plupart féminins dans un halo de sfumatos en ton sur ton sur des notes aériennes orangées, bleutées, quelquefois grises, mais aussi carrément en vert kaki appuyés par des notes de rose aux provocations ironiques. La plasticienne fait ainsi montre d'un talent à double vue, puisqu'elle nous livre autant de personnages mystérieux, lascifs, étonnamment sereins et peut-être très dangereux pour le confort de ceux qui savent dessiner leur univers fantasmatique. Des compositions scénarisées, lascives aux postures qui empruntent à l'art moderne de nombreuses bases d'expression aux clins d'œil cubistes et modernes. Fuschia, Femme bleue comme une pomme, La fenêtre sont aussi autant d'exercices fabuleux qui baignent le public dans une attirance irréversible de séduction à travers l'arme du médium pictural, le mythe de Circée revisité dans les toiles toutes en camaïeu étranges, transfigurées de bien belle manière par une sorte de James Bond girl, qui semble tout droit sortie d'un film d'espionnage mais qui révèle en fait une dame charmante qui revendique pleinement son algérianité d'adoption et qui reste puissamment amoureuse et éprise de la lumière du soleil. C'est une artiste accomplie qui pourtant n'hésite pas à s'extasier pour les deux fruits qui bourgeonnent dans son verger. Pavlovskaya, le regard bleu et les cheveux en feu tient justement le feu sacré en elle. Elle vit assurément dans un univers parallèle, fait de belles images et d'émotions pures, elle nous fait pourtant souvent l'invite de la rejoindre dans son élément humaniste ; pourquoi devrions-nous bouder notre plaisir d'aller encore et encore à sa rencontre pour une cinquième saison qui n'existe sans nul doute que dans son imaginaire fertile !? Cinquième saison, exposition de Valentina Pavlovskaya Ghanem, visible à la Galerie Art 4 You, 17 rue Hocine Beladjel, Sacré-Cœur, Alger, du 3 au 31 décembre 2011. Entrée libre.