Ils sont deux artistes à y exposer : Mohamed Nedjar et Aghiless Issiakhem. Deux générations différentes, aux styles totalement opposés, mais que l'amour des couleurs et du pinceau réunit. Depuis le 5 février 2011, leurs œuvres ornent les murs de cette nouvelle galerie, et ce, jusqu' à lundi prochain, jour de clotûre. Pour le premier, c'est l'amour indéfectible pour La Casbah d'Alger qui transparaît dans son œuvre. Originaire de Dellys, il a appris l'art à la Société des beaux-arts d'Alger (1965-1970). Il exposé une dizaine de toiles (peintures à l'huile) toutes dédiées à ce lieu séculaire, ô combien enchanteur de par sa splendeur. C'est de ce lieu qu'il puise son inspiration. Versé dans le figuratif, Mohamed Nedjar reproduit le quotidien de ce quartier à travers ses ruelles, ses habitants, ses femmes en haïk blanc immaculé, ses habitations et balcons. Les tons sont chauds, rappelant le beau soleil d'Alger et son climat. C'est la vie d'antan qui refait surface à travers un travail expressionniste méthodique… Sur le mur opposé de la galerie, des tableaux – au nombre de vingt – de différents formats attirent l'attention. Ils sont l'œuvre d'Aghilès Issiakhem (22 ans). Un jeune prodigue du 3e art qui tient l'art de peindre en héritage. Originaire d'Azzefoun, il est le petit-neveu de l'un des maîtres de la peinture algérienne : M'hammed Issiakhem. Autodidacte, le jeune Aghilès se laisse guider par ses sentiments. Présentant une nouvelle collection totalement bleue, il livre dans chacune de ses toiles, une part de son jardin secret, de son intérieur qui est en perpétuel bouillonnement. Pour lui, le bleu “est une couleur froide, profonde. Elle relaxe pour certains alors que d'autres affirment qu'elle est un signe de détresse”. Il l'utilise parce qu'il arrive à mieux s'exprimer à travers elle, à transmettre. Si cette collection n'a pas de titre, c'est un choix de l'artiste. Il veut que chacun l'interprète à sa manière. Il veut que le regard du visiteur “vagabonde” d'une toile à une autre, qu'il soit interpellé, touché… Touché par cette détresse qui ressort de chaque tableau. Car malgré la belle exécution des formes, l'étalage fluide de la couleur ainsi que le mélange subtil des techniques (encre de Chine, crayon, pastel en charbon, peinture à l'huile, acrylique…), on devine qu'Aghilès Issiakhem peint dans la douleur, dans la torture de l'âme. Toutes ses œuvres sont empreintes d'une tristesse profonde qui, sans doute aucun, est en relation directe avec l'artiste qui déclare que sa vie n'a pas du tout été rose. S'inspirant de son quotidien à lui et de ce qui l'entoure, il arrive à donner vie ses tableaux dans un style qui convient le mieux à cette peinture : le semi-abstrait. Une vie froide, oppressante car sous l'emprise du “mythe de la mort”. Toutefois, la sensibilité est très perceptible, constituant un contraste. Une sensibilité qu'il peine à cacher. L'attestent les œuvres la Vagabonde ou Souffrance et continuité. Dans ce tableau, il montre un homme entubé, d'un côté. De l'autre, une autre personne, plus jeune, couverte de pansements. C'est dire qu'un rien affecte et touche ce jeune plasticien qui est à fleur de peau qui en est à cinquième exposition. Malgré son jeune âge, Aghilès Issiakhem a du talent à revendre. Une fluidité dans l'expression picturale (étalage au couteau et au pinceau). Son œuvre flirte avec la complexité et la simplicité, deux entités différentes certes, mais indissociables. Jusqu'au 14 février 2011, exposition collective à la galerie Art 4 You (Sacré-Cœur, Alger) de Mohamed Nedjar et Aghilès Issiakhem.