Sur fond d'un probable embargo qui sera décidé sur le pétrole Iranien, et pour combler le déficit de la production libyenne, l'Opep qui assure un tiers de la production mondiale devra trancher à Vienne, demain, après examen du marché pétrolier mondial en vue d'assurer sa stabilité, sur les quotas de chaque pays membre mis à part l'Irak qui n'est pas soumis à un plafonnement. Le plafond de production de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep) devrait être maintenu à 24,84 millions de barils par jour (mbj), lors de la réunion ministérielle de l'Organisation, selon les avis de plusieurs experts. Le secrétaire général de l'Opep, Abdallah Salem Al-Badri, avait indiqué mercredi dernier à Doha, lors des travaux du Congrès mondial du pétrole, que le marché était suffisamment approvisionné, et que les récents cours du brut, se situant entre 100 et 120 dollars, étaient «satisfaisants (…) que les craintes sur l'approvisionnement mondial de pétrole, accentuées par les évènements du “Printemps arabe“, n'étaient pas fondées». M. Al-Badri dit avoir envoyé des messages rassurants aux pays consommateurs en leur expliquant que ces appréhensions ne sont pas basées sur des données fiables. Il faut préciser que les tragiques évènements de la guerre civile libyenne ont fait chuter la production de ce pays à 30 000 b/j alors qu'elle se situait à 1 600 000 b/j. La différence aurait été comblée par les pays moyen-orientaux. D'après les déclarations d'Al-Badri reprenant les prévisions des experts au fait du problème libyen, la production dans ce pays devrait reprendre à la fin du premier semestre 2012 pour atteindre 1,58 millions de barils par jour, alors que d'autres commentaires font état d'une reprise normale de la production en 2015 au regard des dégâts subis par les différentes installations. De son côté, le ministre de l'Energie et des Mines, Youcef Yousfi, a estimé que le marché pétrolier «est équilibré», laissant entendre que l'Algérie ne va pas défendre une hausse de la production lors de cette réunion. Yousfi estime dans une brève déclaration à la presse en marge de la session ministérielle que «nous sommes en train d'étudier toutes les options, et nous allons exprimer notre position la semaine prochaine. Lors de cette réunion nous allons analyser la situation du marché pétrolier, et nous allons prendre une décision après les consultations», a-t-il répondu suite à une question demandant s'il y aurait un maintient du niveau actuel de la production. Les membres de l'Opep vont plancher sur l'examen du marché pétrolier international à la lumière des derniers développements de la crise financière dans l'eurozone, les capacités de production de la Libye et le respect des quotas de production par les pays membres, ce seront là les principales questions qui figureront au menu de cette session de l'Opep. Si le principe d'un maintien du plafond actuel de production fait partie d'un large consensus, d'autres questions liées à la discipline de production restent quant à elles posées. Un analyste du Centre d'études énergétiques mondiales (CGES), à Londres a estimé que «plus qu'un changement de quotas, les Etats pourraient donc s'entendre pour une meilleure discipline, et un plus grand respect des quotas, afin d'adapter leur production jusqu'au retour de la Libye». Selon le CGES, le spectre de la crise iranienne, après le récent durcissement des sanctions occidentales contre Téhéran, devrait cependant planer sur la réunion de Vienne, d'autant que l'Iran assure cette année la présidence tournante de l'organisation. Pour ce qui est du volet politique qui sera certainement débattu par les pays membres de l'Organisation des pays producteurs de pétrole en cas d'embargo vis-à-vis de l'Iran , il apparaît qu'il sera «très difficile» pour les Européens de remplacer les 450 000 barils qu'ils importent chaque jour d'Iran, a déjà averti M. El-Badri ; néanmoins, le ministre saoudien du Pétrole, Ali al-Nouaïmi, a assuré que le royaume était prêt à compenser toute pénurie sur le marché, avec une production de brut qui a augmentée en octobre à 9,45 mbj, contre 8,80 mbj il y a six mois, selon l'AIE. L'Opep, si l'on inclut l'Irak, non soumis au système des quotas, produit au total 30,01 mbj, soit un tiers de l'offre mondiale. A deux jours de la réunion de Vienne, les prix du pétrole étaient en baisse lundi à l'ouverture de marché asiatique. Le baril de «light sweet crude» (WTI) pour livraison en janvier perdait 18 cents à 99,23 USD et le baril de Brent de la mer du Nord pour même échéance 16 cents à 108,46 USD. Pour rappel, Youcef Yousfi prendra part aux travaux de la 160e réunion ministérielle de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole prévue demain à Vienne.