Les membres de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep), qui se réunissent jeudi à Vienne, devraient décider, pour la 6e fois, d'un maintien des quotas de production, jugeant "satisfaisant" le prix actuel du pétrole. Les ministres des pays de l'Opep devraient réexaminer lors de cette réunion d'automne l'état du marché et l'évolution des cours du brut qui oscillent depuis un an dans une fourchette comprise entre 70 et 80 dollars le baril. Un éventuel changement des niveaux de production semble alors écarté, mais un appel pour le "respect" des baisses de production décidées par l'organisation sera probablement lancé, s'accordent à dire les analystes. Les quotas de production de brut de l'Opep, qui regroupe 12 pays et fournit 40% du pétrole mondial, sont fixés à 24,84 millions de barils par jour (mbj) depuis le 1er janvier 2009. Le ministre de l'Energie et des Mines, Youcef Yousfi, a estimé, lundi qu'"un prix du baril compris entre 90 et 100 dollars est raisonnable", par rapport au niveau actuel de production des pays membres de l'OPEP. Il a affirmé que la question du niveau de production sera examinée à l'occasion de la réunion de l'OPEP et que "tout dépendra de l'ensemble des pays pour décider d'un éventuel changement". De son côté, le ministre du Pétrole de l'Arabie saoudite Ali Al-Nouaïmi a déclaré lundi depuis Vienne qu'il était satisfait du prix actuel du pétrole, qui évolue depuis un an dans une fourchette comprise entre 70 et 80 dollars le baril, et qu'il ne voyait pas de raison de modifier les quotas de production. M. Al-Nouaïmi a laissé entendre qu'un changement dans les quotas de production de l'Opep n'était pas en jeu lors de la réunion de jeudi, en se demandant "pourquoi" l'organisation devrait envisager une telle mesure. Il a rejeté l'idée que l'Opep pourrait accroître sa production cette année, estimant que "le marché est très bien équilibré, tout le monde est heureux du marché". "Je pense que l'offre est adéquate et que la demande est tout à fait active", a-t-il ajouté. Le président de la Compagnie nationale de pétrole de Libye (NOC), Chokri Ghanem, qui représente son pays dans les réunions de l'Opep, a indiqué à Londres que l'organisation ne devrait pas changer ses quotas de production. "Je ne pense pas qu'il faille s'attendre à un changement" de la politique de l'organisation cette semaine, a déclaré M. Ghanem, soulignant que "l'Opep va attendre, et qu'elle refera le point à sa réunion de mars prochain pour voir" où en est le marché. Le secrétaire général de l'Opep, le libyen Abdallah Salem El-Badri a estimé, mi-septembre à l'occasion de la cérémonie marquant les 50 ans de l'organisation, qu'"un prix compris entre 72 et 82 dollars convient au contexte actuel". La décision d'un maintien de l'actuel plafond de production des pays de l'Opep est confortée par la prévision à la hausse de la demande mondiale pour l'année 2010, selon le dernier rapport de l'organisation qui table désormais sur une hausse de 1,3% tout en laissant inchangés ses pronostics pour 2011. Comparé à 2009, il attend une croissance de 1,3% ou 1,13 million de barils par jour (mbj) pour atteindre un total de 85,59 millions de baril par jour sur l'ensemble de 2010. L'organisation misait auparavant sur une hausse de 1,2% ou 1,05 mbj. Ce relèvement est motivé par une "croissance plus forte que prévu au premier semestre de cette année, soutenue par les programmes de relance économique", a souligné le rapport. Pour 2011, la demande mondiale devrait progresser de 1,2% à 86,64 mbj, a ajouté l'Opep confirmant ainsi sa prévision antérieure. De leur côté, les experts pétroliers, à l'instar des ministres des pays de l'organisation pétrolière, s'attendent également à un maintien du niveau de production lors de la réunion de jeudi à Vienne. "Si on regarde les prix, cela a été une année très réussie pour l'Opep. Autre chose qu'un statu quo sur les quotas de production apparaîtrait comme une surprise majeure", relevaient cette semaine les analystes du cabinet viennois JBC Energy. La récente hausse des cours de l'or noir, qui ont atteint cette semaine leur plus haut niveau depuis cinq mois (86,02 dollars pour le Brent) grâce à un affaiblissement du dollar, ne devrait pas changer la donne. "Le pétrole n'a plus beaucoup d'élan pour accroître ses gains et cet accès de fièvre devrait s'épuiser de lui même dès que le marché se tournera à nouveau vers les fondamentaux" de l'offre et de la demande, soulignait Andrey Kryuchenkov, analyste de VTB Capital. La fourchette des 70-80 dollars "satisfait tout le monde, les producteurs comme les consommateurs, et apparaît adaptée aux fondamentaux du marché du pétrole jusqu'en 2011, à condition que l'Opep maintienne une bonne discipline", renchérissait Christophe Barret, du Crédit Agricole. Cependant, le manque de discipline et l'abondance de l'offre sur le marché et l'importante production des pays hors-Opep, notamment par la Russie (premier producteur mondial), "laissent peu de marges à l'Opep pour augmenter sa propre production", précisait M. Barret. Aussi, "de nouvelles coupes dans les quotas ne feraient que saper encore plus une discipline déjà très aléatoire, sans soutenir les prix étant donnés des stocks toujours importants et des perspectives modestes pour la reprise de la demande mondiale", soutenait JBC Energy.