La coopérative théâtrale Les compagnons de Nedjma de Sétif a présenté le samedi 10 décembre à la maison de la culture Houari-Boumediene de la même ville un monodrame intitulé «Hbali» d'après un long poème écrit par Smaïl Aït Djaffer sous le titre «La complainte des mendiants de La Casbah et la petite fille Yasmina tuée par son père». Ce monodrame au contenu tragique est adapté librement par un auteur très prolifique qui a déjà, à son actif, quelques dizaines de pièces montées sur scène par la troupe Debza et la coopérative théâtrale citée plus haut. Malheureusement, Bounab Abdelatif demeure, malgré tout, méconnu. Concernant «Hbali», la mise en scène est signée Salim Bensedira, un ancien membre de la même troupe et président de ladite association. Quant à l'interprétation, elle a été assurée par un jeune comédien amateur répondant au nom de Khabchache Adel. L'histoire de ce long poème écrit en 1949, au cœur de la période coloniale, est l'histoire tragique d'un père SDF qui, d'un geste inexplicable, a mis fin à l'existence de sa petite fille Yasmina, âgée à peine de 9 ans, en la poussant sous les roues d'un camion qui était de passage, cela sous les yeux exorbités de nombreux passants. A vrai dire, l'auteur de ce long poème, Smaïl Aït Djaffer, n'est pas un poète né, mais en assistant à ce geste prémédité et impensable, sans en comprendre la raison, il a été inspiré par ce long poème qui l'a marqué à jamais. Dans un décor et une scénographie signés par le peintre Mustapha Ghedjati, le jeune comédien Kherbache nous plonge, durant une heure quinze minutes, au cœur de cette histoire tragique, un parricide commis par Ahmed Khouni sur la personne de sa petite Yasmina. Il nous dépeint avec un jeu plein de réalisme la vie misérable des sans domicile fixe, s'arrêtant sur le quotidien de certains personnages connus de la population algéroise, à savoir Moh Smina et les autres, qui ont élu domicile sous les arcades, de jour comme de nuit, souvent collés aux bouches d'aération des boulangeries, pour recevoir un peu de cette chaleur qui s'en dégage, pour réchauffer leurs corps et quelque part oublier qu'ils ont faim. C'est un peu l'histoire du père et de sa petite fille Yasmina, qui vivaient sous les arcades parmi tout ce bon monde, dans des conditions si atroces que le père n'a pu en supporter davantage. D'ailleurs, c'est la raison qui l'a poussé à mettre fin à la vie de misère de sa fille dont l'unique objectif est de la sauver. En définitive, le père Ahmed Khouni a été arrêté par la police coloniale, jugé pour son geste prémédité et placé dans un asile, pour faire oublier le véritable motif qui est celui de la colonisation.