Dans un entretien accordé à la Chaîne III de la Radio nationale dont il était l'invité de la rédaction, Ahmed Gadiri, secrétaire national de la Fédération nationale des travailleurs retraités (FNTR), a exposé le point de vue de sa fédération concernant l'augmentation des retraites. Il commence par rappeler que la loi sur les retraites n'a pas été appliquée correctement par les pouvoirs publics depuis sa promulgation. L'article 43, à l'origine, prévoyait une actualisation des salaires, explique-t-il, servant de base au calcul des pensions de retraite à chaque fois que le point indiciaire augmentait. Cette loi n'a jamais été appliquée, insiste-t-il, ce qui fait qu'aujourd'hui, ajoute-t-il, les pensions qui ont été attribuées depuis 1984 à ce jour n'ont pas bénéficié des revalorisations conséquentes, comme le prévoyait cet article. Au contraire, fait-il constater, cet article a été modifié à deux reprises et la dernière fois, c'était en 1999, on a commencé à parler de l'actualisation mais pour les nouvelles pensions. L'article stipule que les anciennes pensions bénéficient de la revalorisation annuelle (chaque 1er mai) et les nouvelles pensions bénéficient de l'actualisation. Autrement dit, précise-t-il, on a actualisé les nouvelles pensions qui avaient bénéficié des augmentations de salaires, de l'inclusion des primes (PRI, PRC, la prime du Sud…). Par conséquent, dit-il, nous avons posé la revendication pour des augmentations sous forme dégressive par rapport au calcul des pensions. Il rappelle que la revalorisation est prévue chaque année compte tenu du niveau des prix, du pouvoir d'achat… mais l'actualisation, précise-t-il, consiste en ce que les retraités partis depuis 1984 bénéficient de la retraite comme les salariés, il cite l'exemple du directeur d'une entreprise parti en 1984-1985-1986, avec une retraite de 30 000 DA/mois, valable à l'époque mais aujourd'hui, son chauffeur perçoit une retraite supérieure à la sienne, parce que ce chauffeur a bénéficié des augmentations de salaire depuis l'époque. Le secrétaire national de la FNTR trouve cette situation injuste, car l'échelle des valeurs n'est pas respectée. En dehors des retraites qui ont été attribuées depuis le 1er août 1996 à ce jour – celles-là ont été actualisées –, les anciennes qui auraient dû être actualisées ne l'ont pas été. Sur les 2,2 millions de retraités, il y a 2 millions de retraites qui n'ont pas été actualisées. Autre exemple cité par M. Gadiri : un inspecteur de l'enseignement (niveau licence) est parti en retraite en 2001, il touche actuellement avec les revalorisations annuelles 24 000DA/ mois, alors que l'instituteur qui part aujourd'hui, touche plus de 30 000 DA. Pour M. Garidi, c'est de l'injustice et de l'incohérence dues à la non-application correcte de la loi par les pouvoirs publics. Il fait savoir qu'actuellement sur 2, 2 millions de retraités, 80 000 dépassent les 50 000 DA/ mois, 600 000 ont moins que le SNMG, c'est-à-dire moins de 15 000 DA et 910 000 ayants droit touchent des pensions qui n'atteignent même pas 10 000DA, entre 3 500 et 7 000 DA. Il rappelle que la loi prévoyait un minimum de 100% du SNMG, il a été ramené à 75% parce qu'à l'époque il y avait les difficultés financières de l'Etat et c'était sur recommandation du FMI qui avait demandé au gouvernement de revoir certains avantages. En plus, ajoute-t-il, on n'a pas appliqué la majoration pour conjoint qui était basé sur 600 fois le tarif horaire du SNMG (elle est actuellement de 1 730 DA grâce à l'action de la FNTR, fait-il remarquer). La FNTR propose des augmentations appliquées de façon dégressive : 40% pour les petites pensions jusqu'à 20 000 DA/ mois, puis par paliers 35% (20 000 à 30 000 DA), 30%, 25%, jusqu'à 15%, de manière à ce que, explique-t-il, les augmentations de tous les retraités se situent entre 5 500 et 6 500 DA/mois. A propos de la commission créée par la tripartite, il précise qu'elle n'examine pas l'augmentation revendiquée par la FNTR, elle examine d'autres points posés par la FNTR concernant le minimum à 100% du SNMG, la majoration pour conjoint, le remboursement de toutes les sommes que la Caisse nationale de retraites (CNR) a payé pour les départs à la retraite sans condition d'âge et proportionnelle et qui s'élèvent à 500 milliards de DA (ou bien l'Etat les prend en charge ou bien on arrête cette formule, dit-il). Il fait observer qu'il n'y a pas de difficultés à la CNR, car si les 500 milliards sont remboursés, la Caisse est très à l'aise pour donner des revalorisations annuelles conséquentes. Il estime que le système par répartition est le meilleur car il est basé sur la solidarité entre travailleurs. Notre système est meilleur par rapport au système américain de fonds de pension où les caisses de retraite placent leur agent dans des entreprises qui font faillite et la Caisse perd tout. M. Gadiri insiste sur le fait que la CNR n'est pas en déficit, surtout qu'actuellement, dit-il, des augmentations de salaires ont été accordées avec des rappels depuis 2008, ce qui donne une masse de cotisations qui sont versées à la CNR. Il fait savoir qu'on présente souvent le budget de la CNR en déficit parce que des investissements sont prévus mais ils ne sont pas réalisés au cours de l'année, ce qui donne en fin d'exercice un excédent. Ainsi, précise-t-il, chaque année, il y a un déficit prévisionnel de 2 à 3 milliards et à la fin de l'année on se retrouve sans déficit. M. Gadiri se prononce pour le recours au Fonds de réserve des retraites (alimenté par 3% de la fiscalité pétrolière) en cas de difficultés de la CNR.