Malgré l'arrêt des combats contre les pro-Kadhafi et la nomination d'un gouvernement de transition, l'insécurité règne sur l'ensemble du territoire libyen et plus particulièrement à Benghazi et Tripoli. Même les nouveaux dirigeants ne se sentent plus en sécurité et trouvent d'énormes difficultés à se déplacer ou à travailler. Ces deux derniers mois, trois hauts responsables libyens ont échappé miraculeusement à la mort à la suite d'attentats commis par des groupes armés. Certains responsables n'écartent pas l'éventualité d'instaurer une «zone verte» similaire à celle d'Irak, pour sécuriser les nouveaux dirigeants. En effet, les attentats ont visé Mustapha Abdeljalil, le chef du Conseil national de transition, le chef des armées terrestres, le général-major Khalifa Hfter et le Premier ministre Abdelrahim El Kib. Impossible de gouverner le pays dans ces conditions, a souligné un haut responsable du Conseil de transition sur une télévision arabophone. Une cellule dénommée Saraya al-Hak, qui a raté d'un cheveu l'assassinat du chef du CNT, demeure le groupe le plus dangereux en Libye. Mustapha Abdeljalil en sait quelques chose, lui qui malgré la garde rapprochée a été grièvement touché par balle à la main gauche et transféré à l'hôpital. Ce groupe a promis de se venger de la mort du colonel Kadhafi en éliminant selon eux un par un les nouveaux dirigeants du pays. Selon une source espagnole, citant une information libyenne, le Premier ministre Abdelrahim El-Kib a été la cible d'une tentative d'assassinat dans la banlieue de Tripoli. Il n'a pas été blessé selon la source qui a indiqué que des inconnus ont ouvert le feu sur lui et ses compagnons quand ils sont entrés dans le bâtiment de la radio d'Etat. Selon la même source, deux personnes qui accompagnaient le Premier ministre a ont été tuées dans l'attaque alors que 5 autres furent grièvement blessées. La télévision d'Etat a indiqué que les forces de sécurité ont arrêté deux des assaillants mais sans donner de précision. Il y a deux jours, le fils du général-major Khalifa Hifter a été blessé par des révolutionnaires. A travers une vidéo diffusée sur un site libyen, on peut voir le fils du chef du général vêtu d'une tenue de combat, se faisant soigner. Dans la même vidéo, le fils de Khalifa Hfter hurle de douleur et on peut lire que ce dernier a été arrêté en compagnie d'un groupe après avoir attaqué la banque Masraf Al-Amane. Un «révolutionnaire», originaire de Benghazi, et un autre de Zenten ont été tués dans l'affrontement avec le groupe du général Hfter, a-ton écrit sur le site. Le général Hfter a menacé le groupe ayant arrêté son fils, les accusant de «bandits» tout en leur demandant de le relâcher dans l'immédiat. De l'est à l'ouest, de Tripoli a Benghazi, des groupes armés s'affrontent mais nul ne sait «qui est avec qui, et qui est contre qui». A Benghazi, des milliers de tribus ont déclaré la guerre aux dirigeants du CNT et se démarquent du nouveau gouvernement, considéré comme indésirable. Le Premier ministre libyen qui n'a pas évoqué ces incidents a mis en garde hier ceux qui chercheraient à semer le désordre et ceux qui veulent s'approprier la Révolution. Dans une allocution, à l'occasion de l'inauguration de la chaîne satellitaire publique Libya, placée sous tutelle du ministère de la Culture, Abdelrahim El-Kib a fait part de son inquiétude à propos de l'insécurité qui sévit en Libye. Traitant les ex-rebelles comme des délinquants, le Premier ministre a déclaré : «Un programme spécial est en cours de réalisation pour permettre d'intégrer les «révolutionnaires» dans la société civile. En somme, l'insécurité règne sur l'ensemble du territoire libyen, ce qui paralyse les activités des nouveaux dirigeants.» Doivent-ils établir une «zone verte» ou seraient-ils obligés de s'exiler et gouverner la Libye à partir d'un pays «ami» ? Attendons pour voir.