Nissa bila malamih (femmes sans traits) est la coproduction de la Coopérative de Bougara et du TRB qui vient de donner sa générale mardi dernier en soirée. L'œuvre «douloureusement accouchée» a été puisée d'un texte du dramaturge irakien Abdul Amir Shamkhi, adaptée au présent algérien. Un présent plein de tabous à travers les violences, qui condamne les victimes et innocente les coupables. Mise en scène par Mohamed Islam Abbas, distribuée par Soria Bsaad, Nadia Ali Hasnet, Amel Ben Amar et Ahmed Meddah. La trame se déroule dans une salle au milieu de nulle part, une geôle en somme avec pour seuls décors des murs, deux boucles de ceinturons et un minaret. Un décor d'enfermement, de désespoir et d'une continuelle brutalité, dénoncé par trois femmes-épaves, ratées, livrées à un monde impitoyable, inassouvissable. A telle enseigne que l'homme incarné en scène se trouve être le frère de l'une de ces femmes. C'est un appel qui invite à la fin des préjugés, et à l'ouverture sur le monde de la femme. Un appel à la réhabilitation et à la dénonciation des dépassements, des extrémismes, et de l'esprit misogyne. Femmes sans traits est l'histoire de trois femmes déchirées, livrées à un destin qui n'est pas le leur, qui rêvent de revenir à la vie, au bonheur, à une famille, toutes choses qu'elles ont brièvement connu avant de sombrer dans ce monde sauvage, bestial, qui n'a aucune valeur pour la femme, sinon la soumission ou la mort. Mais leur retour ou leur «chèque de grâce» est conditionné par des actes de trahison. Bien évidemment préférant leur dignité, elles récusent cet autre jeu malsain qui leur est proposé au prix de la mort délivrante. Un cri de douleur à vous couper le souffle, à travers une interprétation sublime dont la touche de Omar Fetmouche, d'un décor, d'une musique et de quatre comédiens aux talents avérés. Un cri qui permettra, peut-être, un autre regard sur ces femmes sans lesquelles il n'y aurait pas de vie.