Le 4e art a été le thème d'une rencontre, tenue samedi dernier, à l'Ecole nationale supérieure de journalisme et des sciences de l'information, à Alger. Ce rendez-vous a réuni un grand nombre de spécialistes, professeurs de théâtre, journalistes et universitaires qui en ont profité pour débattre du statut de cet art, et de sa position sur la scène culturelle algérienne. Cette journée d'étude intitulée «Le doyen des arts... empreintes d'identité et d'usinage de la société» a été précédée par une présentation de l'histoire du théâtre algérien, notamment durant les périodes coloniale et post-indépendance. Lors des interventions, il sera fait référence au théâtre anticolonial qui a marqué les représentations à cette époque et l'accent sera mis sur la contribution de maîtres, tels que Rachid Ksentini, Mahieddine Bachtarzi, Alalou ou encore le talentueux fils de Souk-Ahras Mustapha Kateb, qui fut directeur du TNA en 1963. La période coloniale a été surtout marquée par l'émergence des sketchs interprétés par des artistes doués qui avaient une notoriété dépassant nos frontières dont Mohamed Touri, auteur et comédien, Mohamed Boudia, homme de théâtre qui a milité pour la cause nationale ou encore Kateb Yacine. Cependant, et en intervenant pour parler des années 1990, le critique théâtral Nabil Hadji a précisé que cette période a connu une rupture au sein du théâtre algérien, causée par la disparition de plusieurs figures de proue, tels que Abdelkader Alloula et Azzedine Medjoubi, tous deux assassinés ; le premier en 1994, le second en 1995 ou encore Sirat Boumediene, décédé à l'hôpital de Mostaganem en 1995, tandis que d'autres comme Mohamad Fellag, Cherif Ziani ou Slimane Bénaissa ont choisi l'exil à l'étranger, en Tunisie et particulièrement en France pour continuer à monter sur les planches, chose qu'ils ne pouvaient plus faire en Algérie, en raison de la situation sécuritaire délétère de l'époque. L'orateur s'est dit triste face au manque d'intérêt du public à l'égard du théâtre : «C'est vraiment dommage que le public algérien ne fréquente plus les salles de théâtre malgré la gratuité des spectacles délaissant ainsi l'un des piliers de la culture algérienne. Pourtant, ils n'hésitent pas à se déplacer en nombre pour assister à un concert de rap à la salle Atlas, en dépit d'un billet d'entrée vendu à 1 000 DA.» Nabil Hadji a évoqué le manque d'efforts des officiels pour remettre sur rails l'art de manière générale et le théâtre en particulier, invitant le ministère de tutelle à investir dans la formation avec l'ouverture d'écoles et d'instituts pour la formation académique. De même qu'il exhortera à une meilleure prise en charge du théâtre pour enfants dont le rôle est de construire la personnalité du citoyen de demain. Au cours de cette journée d'étude, des intermèdes viendront apporter une touche de détente, le premier sera présenté par la troupe Al Waâd de Boumerdes dont le sketch se voudra un pur moment de détente et d'humour. Le second consistera en une projection de quelques extraits de deux pièces cultes, dont Galou laâreb galou. Il est à noter, enfin que, hormis la comédienne Rym Takoucht qui a honoré de sa présence cette rencontre-débat, aucune personnalité de la famille culturelle n'a répondu à l'invite des organisateurs, ce que ces derniers ont déploré. Au cours de son intervention, Rym Takoucht a demandé à ce que le théâtre algérien retrouve enfin la place qu'il mérite !