Le Conseil de sécurité de l'ONU devait étudier hier un projet de résolution qui reprend les grandes lignes d'un plan de la Ligue arabe. Le document a suscité de vives critiques de la part de Moscou qui a annoncé son opposition au texte, tandis que les affrontements s'intensifient autour de Damas. Il s'agit du troisième projet de résolution sur la Syrie depuis le début des violences le printemps dernier. Le premier a reçu un double veto, russe et chinois. Le second, présenté par la Russie, faisait porter la responsabilité des violences en Syrie aussi bien sur le pouvoir que sur l'opposition syrienne, une option rejetée par les pays occidentaux. Cette fois, le plan est élaboré par la France, la Grande-Bretagne et l'Allemagne (en approbation des pays arabes). Mardi après-midi, le secrétaire général de l'Organisation présentera le projet avec le Premier ministre du Qatar, cheikh Hamad ben Jassem Al Thani, devant le Conseil de sécurité. Les ministres des Affaires étrangères français, britannique et américain vont plaider en sa faveur. Le texte reprend les propositions de la Ligue arabe pour mettre fin au conflit : «l'appel à l'arrêt de toutes les violences, la libération de toutes les personnes détenues arbitrairement, le retrait des forces armées des villes syriennes et enfin le transfert des pouvoirs de Bachar al-Assad à son vice-président» avant l'ouverture de négociations avec l'opposition. Le vice-président, sera chargé de former un gouvernement d'union nationale et de préparer des «élections transparentes et démocratiques», sous supervision internationale et de la Ligue arabe. Disposant, au même titre également que Pékin, d'un droit de veto et d'un siège permanent au Conseil de sécurité, la Russie exclut toute négociation de ce texte jugé inacceptable». Réaffirmant son opposition à une telle résolution, Moscou a proposé d'accueillir sur son sol des négociations entre les autorités syriennes et l'opposition. Moscou et Pékin avaient déjà apposé leur veto en octobre à un précédent projet de résolution proposé en octobre par les Occidentaux, qui contenait «un schéma inacceptable de règlement». Le vice-ministre russe des Affaires étrangères, Guennadi Gatilov, a estimé lundi que «le document que des pays européens et arabes envisagent de présenter à l'ONU», n'est pas équilibré, soulignant qu'il laisse la porte ouverte à une ingérence dans les affaires syriennes. Ce nouveau plan intervient après la décision de la Ligue arabe de suspendre le travail des observateurs en Syrie suite à la récente recrudescence des violences dans le pays. Les affrontements opposant protestataires et armée régulière ont fait une centaine de victimes au cours de ces dernières 24 heures en Syrie, selon des médias se référant à l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH), basé à Londres. Selon les défenseurs des droits de l'Homme, on dénombre au moins 55 civils parmi les morts, 40 personnes ayant péri à Homs ( neuf autres à Deraa, cinq dans la banlieue de la capitale syrienne et une à Idleb). 25 soldats, 10 déserteurs et six policiers complètent le bilan des victimes. Selon les estimations des Nations unies, la confrontation entre forces gouvernementales et protestataires a déjà fait plus de 5 000 morts. Pour sa part, Damas affirme que le pays est en proie à des bandes armées financées depuis l'étranger.