«Si le peuple algérien ne voterait pas pour nous, il y aurait forcément fraude», veulent dire les dirigeants des partis du courant islamiste. Il semble que ces mouvements se sont aperçus au départ que le peuple algérien n'adhère pas à leurs idées et rejette l'instrumentalisation de la religion à des fins politiques. Pour se justifier, ils ne trouvent pas autre chose que de brandir la carte de la «fraude» et ce, deux mois avant les élections. En effet, que dire d'une équipe de football qui accuse l'arbitre de partialité avant même de jouer le match ? C'est le cas de ces mouvements qui crient déjà à la fraude avant même la tenue des élections. La seule explication est que ces derniers ne croient plus à leurs chances et veulent se justifier en évoquant la fraude. En réalité, ces mouvements qui ne possèdent aucun programme politique ne trouvent que la carte de la «fraude» pour contourner leurs lacunes et se justifier en cas de défaite. Cet état de fait est dénoncé par la majorité des autres partis en lice pour les prochaines élections législatives, accusant ces mouvements de mauvaise foi. En effet, après Soltani, Djaballah et Menasra, c'est au tour de M. Akouchi, président d'El-Islah d'évoquer le scénario de la fraude. Invité par la journaliste de l'ENTV à faire connaître le programme politique de son parti, le représentant d'El-Islah a brandi la menace du «printemps arabe» si toutefois le scrutin est entaché de fraude. Sur un ton agressif, le secrétaire général du mouvement El-Islah a menacé d'un scénario similaire ceux de la Tunisie, Libye et Egypte. De telles déclarations sont vraiment graves, elles incitent directement à la violence et aux troubles à l'ordre public. Le secrétaire du parti islamiste est venu les mains vides sur le plateau de la télévision et n'a présenté ni programme ni idées politiques. Pour combler ses lacunes, Hamlaoui Akouchi a expliqué que la fraude a déjà commencé, menaçant de voir se reproduire un «printemps arabe» dans les rues algériennes. Les menaces et les accusations du leader islamiste ont provoqué la colère et le mécontentement des autres responsables des partis présents sur le plateau. «Ecoutez, si pour changer nous avons besoin d'un printemps arabe, nous ne voulons pas de ce changement et nous prions le Bon Dieu pour qu'il n'arrive jamais», lui a rétorqué le président d'El-Karama, Mohamed Benhamou. Les propos haineux du secrétaire d'El-Islah ont provoqué également l'indignation et la colère de Khaled Bounedjma, président du Front national pour la justice sociale. «Nous sommes des musulmans et le peuple algérien n'a pas besoin d'entendre ce genre de vocabulaire. Vous étiez au Parlement avec vos élus, qu'est ce que vous avez apporté de bon pour les Algériens depuis 1997 ?» Dans la foulée, il a ajouté que le président d'El-Islah est venu aujourd'hui «nous parler de corruption au sein de l'Etat alors que lui-même et son mouvement était au pouvoir». A chaque fois que la présentatrice de l'ENTV questionnait le chef islamiste sur les prochaines élections, il répondit par la victoire des islamistes. «Monsieur Akouchi, expliquez nous, s'il vous plaît, comment vous allez pouvoir convaincre le peuple algérien à voter pour vous ?» a demandé Farida Belkacem. En réponse à cette question, le président d'El-Islah a indiqué : «Compte tenu de la conjoncture actuelle et des événements et de la victoire des courants islamistes dans les pays voisins, je suis sûr et certains que les Algériens vont suivre cet exemple. Néanmoins, je vous préviens que si le scrutin est entaché de fraude, les jeunes sortiraient dans la rue et c'est la catastrophe.» La présentatrice, qui d'habitude gardait la neutralité, a été contrainte de lui répondre que ce n'est pas obligatoire d'imposer aux Algériens ce qui s'est passé chez nos voisins. En somme, les déclarations du président d'El-Islah sont extrêmement graves, car elles incitent à la violence et aux troubles à l'ordre publics. Ailleurs, des déclarations similaires sont contraires aux lois de la République, elles conduiraient leurs auteurs devant les tribunaux. Selon des sondages effectués auprès des citoyens, les mouvements islamistes, contrairement à leurs pronostics, seraient les grands perdants de ce rendez-vous électoral. «Comment voulez-vous que le peuple vote pour des partis qui n'ont aucun programme politique», ont déclaré des citoyens.