Aujourd'hui, la parité ne semble pas être totalement rentrée dans nos mœurs et certaines femmes déplorent leur faible représentation dans les conseils d'administration. Aujourd'hui encore, la femme est au cœur des décisions de loi. Est-il indispensable de souligner que les femmes ont contribué à tracer l'histoire du monde entier et celle de notre pays ? Trop peu de temps, de culture générale et de pages pour toutes les citer. Aussi, nous avons choisi une femme, sans chronologie, sans préférence, juste au hasard, sans polémique politique, juste une femme qui a marqué la région de Bordj Bou-Arréridj, par ses œuvres, ses revendications, ses actions, sa personnalité... Cette femme s'appelle Karima Bouderouaz, une syndicaliste pas comme les autres... Agir plutôt que parler Le parcours exceptionnel de Karima Bouderouaz vient à lui tout seul contredire l'idée qui dit que femmes et syndicalisme ne font pas bon ménage ! Elle, c'est une femme qui possède beaucoup de talents ! A la fois philosophe et syndicaliste, cette spécialiste de la pensée est une féministe pas comme les autres. La lutte des sexes, le féminisme qui oppose frontalement les hommes et les femmes et la hiérarchisation des sexes dans les deux sens, ce n'est pas son combat. Pour elle, il n'y a pas d'un côté des hommes «bourreaux» et des femmes «victimes». Avant de présider la section de la femme travailleuse de l' UGTA, elle a multiplié les actions au fil des opportunités et des propositions. A 22 ans, elle enseignait la philosophie, puis est devenue membre de la section syndicale dans le lycée où elle travaillait. Elle a ensuite participé à plusieurs missions : secrétaire à la formation et à l'éducation syndicale et secrétaire de la commission femmes de la wilaya de Bordj Bou Arréridj. En juillet 2005, grâce à son travail au niveau de la commission femmes, elle a été la première femme élue au poste de secrétaire de wilaya dans le secteur de l'éducation. Son secret de réussite se résume, selon elle, à ce principe à la commission femmes et qui est d'agir plutôt que de parler. «Il faudrait déceler les problèmes du pays et voir comment les résoudre», disait-elle. Elle voulait faire partie des gens qui sont capables de participer au processus de construction de l'Algérie, de découvertes des solutions... Malgré sa réputation et de son influence, elle continue à être humble, accessible et à demeurer la championne inconditionnelle de la cause féminine. Mais elle n'accepte jamais les traitements iniques d'où qu'ils viennent et ne baisse pas les bras devant l'injustice. C'est la combattante pour la cause des femmes, non pas du mouvement féministe qu'elle exècre pour ses extrêmes, une cause qui est au centre de la vie de cette travailleuse acharnée. «Il n'y a aucune loi qui nous oblige à souffrir», ne cesse-t-elle de répéter. Les femmes ayant le droit de vote depuis l'indépendance, elle va les inviter, cette fois-ci, avec pugnacité à se porter candidates. Elle va s'adresser à elles dans tous les domaines de leur vie : leur corps, leur sexualité, leur indépendance par le travail, leur droit de ne pas être dominée, mais aussi leur beauté, l'hygiène... Elle va les solliciter pour s'exprimer sur des sujets politiques mais également sur tout ce qui touche la vie. «La femme algérienne en général doit savoir qu'elle est bien comme elle est, que sa façon d'être est une force et qu'elle doit se libérer de la peur et du silence», dit-elle. Quand on lui demande quelle femme lui a servi de modèle, elle cite sans hésiter sa grand-mère. Celle-ci était, en effet, le pilier de la famille et avait une grande influence sur elle. Mais plutôt que de citer une femme, Karima Bouderouaz préfère souligner la qualité de son père qui a fait réveiller en elle le goût à servir autrui. Très sensible à la nature, elle a lancé un cri d'alarme pour la sauvegarde de l'environnement et met en garde contre tout processus qui pourrait concentrer les énergies sur de faux problèmes qui nous font perdre du temps alors qu'un consensus sur un problème comme l'environnement est urgent. Elle ne comprend pas qu'après s'être tant impliquée dans l'éducation civique, il reste tant à faire au niveau de la sensibilisation des responsables et des citoyens pour la protection de leur milieu. Quelque chose doit être fait, déclare-t-elle, car, pour elle, la nature est la femme forment une seule personne. Pas exagéré de dire qu'elle vit, parle, dort pour la cause féminine et l'Algérie. Sa copine Chahra, elle-même bénévole dans plusieurs associations, confirme : «Parfois, on lui dit : ralentis un peu, reste chez toi. Mais c'est plus fort qu'elle, elle ne peut pas ! » Jeune et bien trempée, de quoi donner du carburant à la machine ad vitam aeternam. D'autant que la relève est loin d'être assurée. Mais ça, c'est une autre histoire.