Un colloque international en hommage à l'écrivain algérien Mouloud Feraoun, assassiné en 1962 par l'Oas (Organisation de l'armée secrète), s'est ouvert jeudi à Alger, en présence d'une trentaine de conférenciers, universitaires et hommes de lettres. Organisé par le ministère de la Culture et le Centre national de recherche préhistorique anthropologique et historique (Cnrpah), ce colloque de trois jours commémore le cinquantième anniversaire de l'assassinat de l'écrivain des mains de l'Oas, un groupuscule d'ultras opposé à l'indépendance de l'Algérie. Présent à l'ouverture du colloque, Ali Feraoun, fils de l'écrivain, a présenté un rapport d'enquête détaillant l'assassinat de son père et des cinq autres inspecteurs d'enseignement par un commandos de l'Oas, le 15 mars 1962 à Ben Aknoun sur les hauteurs d'Alger. Cet émouvant récit adressé par Philippe Ould Aoudia (fils de Salah Ould Aoudia, assassiné en même temps que Feraoun) a été adressé aux conférenciers afin de «continuer l'œuvre de ces hommes qui ne doit pas s'éteindre avec leur mort», a dit Ali Feraoun. Il a aussi exprimé sa certitude que le 15 mars sera un jour érigé «Journée nationale de l'école» pour rendre hommage aux efforts fournis par ces hommes en faveur du savoir et de la connaissance, desquels l'écrasante majorité des Algériens étaient privés durant la colonisation française. A l'ouverture du colloque, Rachid Boudjedra a affirmé être devenu écrivain «en prenant conscience de l'existence des écrivains algériens grâce à l'œuvre de Feraoun le Fils du pauvre». Dans un discours de la ministre de la Culture, lu par Slimane Hachi, directeur du Cnrph, Khalida Toumi a rendu hommage à Feraoun, un homme qui a «marqué la culture algérienne tant par son œuvre que par sa mort tragique». La ministre a aussi rendu hommage au travail de l'enseignant Feraoun qui «tentait de rattraper le retard éducatif imposé par les armes depuis un siècle», citant un écrit de Mouloud Mammeri qui décrivait ce sacrifice de «dernier hommage de la bêtise à la vertu». Mouloud Feraoun et ses cinq compagnons assassinés, Ali Hamoutène, Salah Ould Aoudia, Etienne Basset, Robert Aymar et Max Marchands, étaient tous inspecteurs des Cse (Centres socio-éducatifs), des structures créées pour venir en aide aux plus démunis, notamment en assurant des cours d'alphabétisation.