On a beau caresser le monstre dans le sens du poil, sa décision est prise. Pas de visa pour le prédicateur Al Qaradaoui, a annoncé froidement Sarkozy. «J'ai indiqué à l'émir du Qatar lui-même que ce monsieur n'était pas le bienvenu sur le territoire de la République française», a-t-il déclaré sur France Info lundi dernier. L'imam qatari qui se rendra en France au début d'avril à l'invitation d'une organisation musulmane, se voit renvoyer comme un vulgaire «terroriste». Propos qui ont fortement secoué l'Union mondiale des oulémas musulmans. Pourquoi ? Parce que, dit-on, l'imam est un islamiste «modéré». Il a condamné la tuerie de Toulouse et a contribué à débarrasser les concepts islamiques de l'extrémisme», a déclaré le cheikh Ali Kardaghi, SG de l'Union. Autre «exploit» du cheikh, qui a contribué par son «charisme» modérateur, est qu'il avait rendu licite à travers l'une de ses fetwas l'intervention militaire de l'Otan en Libye. Enfin, un autre argument de taille : «Nous considérons la France comme un pays allié et elle a joué un rôle de premier plan dans le Printemps arabe, notamment en Libye, et nous attendons sa contribution à la libération de la Syrie», a encore dit cheikh Kardaghi. Malheureusement, pour ces représentants de l'Union des oulémas, Sarkozy ne considère pas comme bienvenus «sur le territoire de la République un certain nombre de gens qui ne sont pas compatibles avec l'idéal républicain». Ah, le fameux idéal républicain ! Un imam qui n'a cessé, par ses prêches enflammés, d'inciter au meurtre d'un chef d'Etat souverain et au renversement d'un autre chef d'Etat, et ce, par ses apparitions programmées sur la chaîne de télévision satellitaire Al-Jazeera, basée au Qatar. De l'autre, un président tout aussi complice de l'assassinat de Kadhafi et qui partage les mêmes intentions quant à la destinée de Bachar Al Assad. C'est quand même au nom de ces «valeurs républicaines» que les deux hommes feignent d'agir. Et pourtant, ni l'un ni l'autre ne semble digne des valeurs républicaines. Les vrais républicains sont censés défendre des valeurs universelles, humaines et non travestir leur opportunisme de ramages à la carte et à la tête du client. L'imam, pour sa part, avait condamné sans retenue les réactions des pouvoirs libyen et syrien face à des insurgés armés, Sarkozy en a fait de même, alors que les deux ont affiché un mutisme solennel face à la répression au Bahreïn où de vrais civils continuent de succomber sous les balles des mercenaires saoudiens. Idem pour les récents bombardements des civils Palestiniens à Ghaza. D'ailleurs, les dernières infos en provenance de Palestine font part de prolongation de la détention de sept enfants Palestiniens par un tribunal israélien à Hébron. Une prolongation de 101 jours afin «d'achever l'interrogatoire» de ces enfants âgés de 14 ans. N'est-ce pas là matière à condamnation ? Quelle fetwa pourrait nous pondre Al Qaradaoui ? Quelle valeur républicaine pourrait à son tour cracher Sarkozy ? Avec ce fameux casse-tête chinois du Yin et du Yang, cherchez l'intrus !