C'est le président français en personne, qui s'est opposé à la venue dans l'Hexagone du prédicateur qatari, d'origine égyptienne, Youssef Al-Qaradhaoui, pourtant invité à participer le 6 avril prochain au Bourget, près de Paris, au rassemblement annuel de l'Union des organisations islamiques de France. Saisissant personnellement l'émir du Qatar, le président français Nicolas Sarkozy a annoncé hier que le prédicateur musulman controversé Youssef Al-Qaradaoui n'était “pas le bienvenu” en France, où il devait se rendre début avril à l'invitation d'une organisation musulmane. “J'ai indiqué à l'émir du Qatar lui-même que ce monsieur n'était pas le bienvenu sur le territoire de la République française”, a déclaré le chef de l'Etat français sur les ondes de radio France-Info. “Il va y avoir un congrès d'une organisation, en l'occurrence l'UOIF. J'ai indiqué que ne seraient pas les bienvenus sur le territoire de la République un certain nombre de gens qui avaient été invités à ce congrès et qui tiennent, ou qui voulaient tenir des discours qui ne sont pas compatibles avec l'idéal républicain”, a souligné Nicolas Sarkozy en faisant allusion au prédicateur d'origine égyptienne, Youssef Al-Qaradaoui, titulaire de la nationalité qatarie et d'un passeport diplomatique. Pour information, il a été invité à participer le 6 avril au Bourget, près de Paris, au rassemblement annuel de l'UOIF, aux côtés également de Mahmoud al-Masri, prédicateur égyptien célèbre, qui s'était déjà rendu en France en décembre 2011. L'interdiction trouve à son origine une pétition initiée en France par des personnalités politiques et surtout des associations juives pour empêcher le prédicateur de se rendre en France. Ainsi, la Confédération des juifs de France et amis d'Israël avaient demandé avec insistance aux autorités responsables et au gouvernement l'interdiction du territoire pour al-Qaradaoui. Par ailleurs, le Front national d'abord, et le député PS Manuel Valls ont dénoncé ce week-end l'invitation adressée par l'Union des organisations islamiques de France (UOIF) à deux prédicateurs controversés, pour son rassemblement le 6 avril au Bourget. L'élu de l'Essonne avait notamment affirmé que “les services diplomatiques avaient délivré un visa” à Youssef Al-Qaradaoui, précisant que pour ce Qatari d'origine égyptienne “le jihad est un devoir pour tous les musulmans”. Il a ajouté que ce prédicateur influent intervenant sur la chaîne Al-Jazeera était “connu pour ses fréquents propos antisémites”. Cette interdiction d'entrée sur le territoire français n'a pas été appréciée par l'Union mondiale des oulémas musulmans que dirige Youssef al-Qaradaoui. L'Umom s'est étonnée hier du refus de la France de laisser son chef entrer sur son territoire, tout en affirmant condamner la tuerie de Toulouse. Son secrétaire général, cheikh Ali Kardaghi, a indiqué : “Nous nous étonnons et nous reprochons à la France son refus d'accorder un visa à cheikh Youssef al-Qaradaoui alors qu'il est un ouléma modéré qui a contribué à débarrasser les concepts islamiques de l'extrémisme”. Insistant sur le fait que son organisation “condamne avec force l'agression terroriste de Toulouse”, le numéro deux de l'Umom a notamment ajouté qu'“il ne convient pas de tuer les enfants et les hommes de religion en temps de guerre. Alors qu'en dire en temps de paix et dans un pays qui est notre allié”. Youssef Al-Qaradaoui, 86 ans, est considéré comme l'un des plus influents prédicateurs de l'islam sunnite grâce à ses apparitions sur Al-Jazeera et sur le site IslamOnline. Pour rappel, il avait quitté l'Egypte dans les années 1960 après avoir été emprisonné par le régime de l'ancien président Gamal Abdel Nasser qui a sévi contre les Frères musulmans. À signaler enfin, qu'en 2004, la France, elle-même, avait sollicité al-Qaradaoui dans la libération d'otages en Irak. Le second religieux également interdit d'entrée en France, Mahmoud al-Masri, est un prédicateur égyptien qui, selon le Front national, a lui aussi tenu des propos antisémites et antichiites. M T