Les dirigeants de la Cédéao envisagent «une transition» après le putsch au Mali, où le président de l'Assemblée assurerait l'intérim du pouvoir jusqu'aux élections, a déclaré le ministre burkinabé des Affaires étrangères, entérinant de fait l'éviction du président malien. La délégation de chefs d'Etat de la Communauté économique des Etats d'Afrique de l'Ouest (Cédéao) qui se rend aujourd'hui au Mali, va «réclamer le retour à l'ordre constitutionnel normal, pour que les élections au Mali puissent se tenir. Bien sûr, il sera question d'une transition, une transition conforme aux dispositions constitutionnelles», a déclaré Djibril Bassolé à Radio France internationale (RFI). Interrogé sur l'éventualité d'un intérim assuré par le président de l'Assemblée nationale, Dioncounda Traoré, le ministre répond: «Tout à fait c'est a priori ce qui pourrait se passer: que le président de l'Assemblée qui est l'intérimaire constitutionnel puisse présider aux destinées du pays dans les modalités définies, arrêtées, acceptées par la classe politique et les responsables de la junte, afin qu'au plus tôt on puisse aboutir aux élections». «Si c'est la formule qui peut permettre de sortir de crise, pourquoi pas? Et je pense que le président Amadou Toumani Touré n'y verrait lui-même pas d'inconvénient, lui qui a toujours souhaité la paix, la stabilité et la démocratie», a-t-il ajouté. Le ministre assure que la Cédéao a fait part de ce scénario au chef de la junte, le capitaine Amadou Sanogo. «Nous lui avons fait passer le message, certainement que les chefs d'Etat et le médiateur devront encore lui parler. Voulant le bien du Mali je pense qu'il voudra cadrer avec les propositions qui lui seront faites», a-t-il dit. Djibril Bassolé a par ailleurs affirmé que le président Amadou Toumani Touré (ATT) allait «bien» et qu'il n'était pas, à sa connaissance, retenu par la junte. «Je ne crois pas qu'il soit détenu. Je crois qu'il est au Mali, il est en vie et se porte bien», a-t-il dit. La délégation de la Cédéao (15 Etats) sera conduite par son chef en exercice, le président ivoirien, Alassane Ouattara. Elle sera composée de ses homologues du Burkina (Blaise Compaoré), du Bénin (Boni Yayi), du Liberia (Ellen Johnson Sirleaf), du Niger (Mahamadou Issoufou) et du Nigeria (Goodluck Jonathan). Le président burkinabé a en outre été nommé médiateur dans la crise malienne avec pour «mission de prendre contact avec toutes les parties prenantes en vue d'engager un dialogue fructueux pour la restauration de la paix dans le pays». Dimanche, le ministre français de la Coopération, Henri de Raincourt avait indiqué que, pour la France, Amadou Toumani Touré restait «le président du Mali» car «rien n'est stabilisé», mais il avait aussi souligné que la Constitution malienne prévoit qu'en cas d'empêchement du chef de l'Etat, le président de l'Assemblée nationale assure l'intérim et permette un scrutin présidentiel. Des contacts avec ATT comme avec les mutins, représentés mardi à Abidjan dans un sommet extraordinaire des chefs d'Etat ouest-africains, pourraient effectivement permettre une sortie de crise selon ce schéma, selon des spécialistes de la région.