La situation reste confuse au Mali. Des militaires ont empêché hier à Bamako des députés de l'Assemblée nationale malienne d'entrer dans le siège de cette institution dissoute par la junte ayant pris le pouvoir le 22 mars. La communauté internationale s'inquiète de cette situation. Paris comme Washington ont jugé «inacceptable» la situation au Mali. La Cédéao doit prendre des «décisions importantes» suite au coup d'Etat militaire contre le président Amadou Toumani Touré, appelé «ATT» au Mali. C'est le chef d'Etat ivoirien Alassane Ouattara qui l'a réclamé hier, à l'ouverture d'un sommet extraordinaire de l'organisation politique ouest-africaine. «Nous devrons prendre d'importantes décisions à l'occasion de ce sommet qui engage l'avenir de la démocratie», a dénoncé «un coup de force perpétré contre un régime démocratiquement élu». «Il nous faudra aujourd'hui adopter une position commune sans équivoque sur la double crise politique et militaire qui secoue le Mali», a-t-il poursuivi. Sur invitation du président Ouattara, patron en exercice de la Communauté économique des Etats d'Afrique de l'Ouest (Cédéao, 15 Etats), sept présidents ouest-africains ont fait le déplacement d'Abidjan, ainsi que deux représentants de la junte malienne qui devaient être «entendus par les chefs d'Etat», a-t-on appris auprès de l'entourage de Ouattara. «Nous devons mettre en œuvre des stratégies pour lutter contre les fléaux et les menaces qui fragilisent notre sous-région», a ajouté M. Ouattara, plaidant pour un «ensemble d'actions à entreprendre au plus vite». «Notre position devra également être un signal fort donné à l'ensemble de l'Afrique», a-t-il encore souligné. De son côté, le président de la commission de la Cédéao, le Burkinabé Kadré Désiré Ouédraogo, a déploré une «situation sécuritaire extrêmement grave et complexe» au Mali. «La situation sécuritaire et politique, provoquée par la rébellion au nord et le coup d'Etat, menace dangereusement non seulement la paix et la sécurité au Mali mais également la paix, la stabilité et le développement de l'ensemble des Etat membres de la Cédéao», a déclaré M. Ouédraogo. Il a réclamé des «mesures urgentes, concrètes et déterminantes pour mettre fin à cette double crise malienne». La présence des pays du champ, notamment l'Algérie et la Mauritanie, à cette rencontre d'Abidjan a été saluée. Les chefs d'Etat du Burkina (Blaise Compaoré), du Bénin (Bony Yayi), du Ghana (John Atta Mills), de la Sierra Leone (Ernest Koroma), du Togo (Faure Gnassingbé), du Liberia (Ellen Johnson Sirleaf), du Niger (Mahamadou Issoufou) participent au sommet. Le Sénégal et la Guinée sont représentés chacun par leur Premier ministre. Pendant ce temps, l'ambassadeur de France au Mali, Christin Rouyer, «a pu s'entretenir par téléphone avec le président Amadou Toumani Touré qui l'a rassuré sur son sort», a déclaré le porte-parole du ministère Bernard Valero. Mais il se refuse à tout commentaire sur le lieu où se trouverait le président malien depuis le putsch de mercredi dernier.