Qu'est-ce qui fait bouger le FLN à un moment aussi crucial et qui lui fait assumer le risque d'implosion face, paradoxalement, à des enjeux de politique et d'histoire, qui n'engagent pas moins l'avenir de l'Algérie ? Certains diront que ce phénomène n'est guère nouveau au sein de l'ancien parti unique où des redresseurs ont succédé aux redresseurs qui se voient à leur tour contestés par un énième mouvement de redresseurs. Voilà qui rend kafkaïenne la condition de la vie politique au sein de cette formation où les militants et les dirigeants semblent se mouvoir, au milieu de ce tumulte, comme des poissons dans l'eau, histoire de nous signifier qu'il s'agit d'une tradition, alors que ce qui est devenu une tradition et qui demeure invisible et inavoué, c'est cette mobilité agissante au nom d'enjeu politique que surdéterminent, à chaque fois, des échéances électorales. De quels enjeux est-il réellement question ? Le FLN a l'habitude de se projeter dans l'avenir et l'on sait l'ancrage dont il dispose partout en Algérie, surtout en période de prospérité où les organisations qui lui servent de relais acquièrent plus d'influence et de poids auprès des électeurs. L'avenir pour cette formation, c'est moins les législatives dont il est assuré d'avoir une portion viabilisante, voire même rentière, que la présidentielle de 2014. Cette élection parlementaire est l'occasion, ou jamais, de trancher le choix de celui qui sera à la tête du FLN et qui pourra, quand le moment viendra, envisager, au nom du FLN, un destin national. Ces remous sont la preuve que Belkhadem est loin de susciter l'unanimité, beaucoup lui attribuant des velléités islamistes, d'autres lui reprochant une certaine mollesse, alors que deux clans de ce parti ne veulent pas entendre parler de lui en tant que chef de leur formation encore moins en tant que candidat à la présidentielle 2014. Cette guéguerre intègre des enjeux qui semblent, aux yeux de ceux qu'elle mobilise, tellement importants, que les législatives apparaissent comme un cap dérisoire qui pourrait être sacrifié sur l'autel des enjeux de la présidentielle. Effet ricochet de cette situation : le FLN pourrait en faire les frais le 10 mai ; ce qui contribuerait à renforcer la conviction que cette mandature aura été porteuse d'un véritable changement.