François Hollande est devenu dimanche le deuxième socialiste à accéder à l'Elysée sous la Ve République en battant Nicolas Sarkozy. Le plus dur commence pour le nouvel élu qui promet d'être «le Président de la justice» et non celui de l'austérité. Trente et un ans après la victoire de François Mitterand, le candidat socialiste, grand favori du scrutin depuis des mois, obtient 51,67%, selon des résultats quasi définitifs (sans les voix du million de français à l'étranger). M. Sarkozy, avec 48,33 % échoue à décrocher un second mandat. La passation de pouvoir devrait avoir lieu le 14 mai. A Solferino, au siège du PS, des milliers de sympathisants présents ont sauté de joie dès le début de soirée. En fin de compte Hollande est parvenu à réaliser un résultat historique à Paris avec 55,60%. Dans son fief rural de Tulle, il obtient plus de 75% des voix. Le nombre des bulletins blancs et nuls a par ailleurs dépassé les 2 millions, soit environ 6% des votants, un des taux les plus élevés à une présidentielle sous la Ve République. A 57 ans, François Hollande, qui n'a jamais exercé de responsabilité ministérielle et qui était donné battu à la primaire du PS jusqu'à la mise hors course de Dominique Straus Khan, accède à l'Elysée avec un score quasiment identique à celui du 10 mai 1981 (51,76%). «Les Français viennent de choisir le changement en me portant à la présidence de la République», a lancé François Hollande devant environ 2 000 partisans réunis sur la place de la Cathédrale de Tulle. Après un «salut républicain» à son adversaire, M. Hollande, l'air grave, s'est dit fier d'avoir été «capable de redonner espoir aux Français». Est-ce que j'ai fait avancer la cause de l'égalité ? Sera la question à se poser à la fin de son mandat, a expliqué le président élu. «L'Europe nous regarde, l'austérité peut ne plus être une fatalité», a-t-il prévenu. François Hollande a ensuite rejoint dans la nuit les ténors du parti socialiste, place de la Bastille, là où avait été célébrée, il y a 31 ans, l'élection du premier président socialiste Français, François Mitterand. «Je vous ai entendu, j'ai entendu votre volonté de changement, votre force, votre espérance et je vous vous exprime toute ma gratitude. Merci, merci, merci de m'avoir permis d'être votre président de la République», a-t-il déclaré. «Je suis le président de la jeunesse de France !», a-t-il lancé aux dizaines de milliers de personnes présentes. «Je suis le président de toutes les fiertés de France, le président de la justice en France», a-t-il ajouté. Vers 2h30, la plupart des partisans de François Hollande avaient quitté la Bastille et le président élu était rentré chez lui dans le quartier Beaugrenelle au XVe arrondissement de Paris. Premier à réagir, devant ses partisans de la mutualité, Nicolas Sarkozy a indiqué dans un discours à la foule avoir eu François Hollande au téléphone» et lui aurait souhaité «bonne chance». «Je porte toute la responsabilité de cette défaite (…), il me faut en tirer toutes les conséquences», a souligné le président sortant, suggérant qu'il se retirait de la vie politique : «Je resterai l'un des vôtres», mais ma place ne pourra plus être la même (…) mon engagement sera désormais différent». «Je ne serai plus jamais candidat aux mêmes fonctions», avait-il annoncé plus tôt aux ténors de l'UMP réunis à l'Elysée, selon un de ses ministres. A l'UMP, qui va entrer dans une zone de turbulences avec la lutte annoncée entre Jean-François Copé, l'actuel président de l'UMP, et François Fillon l'ex-Premier ministre, l'après présidentielle semble avoir déjà commencé, malgré les appels à l'unité de M. Sarkozy.