François Hollande, vainqueur de la primaire socialiste pour le scrutin de 2012, se positionne déjà en présidentiable potentiel La bataille pour la présidentielle d'avril et mai 2012 en France est lancée après la désignation du candidat socialiste François Hollande. François Hollande, 57 ans, a été légitimé dimanche par des primaires inédites en France qui ont mobilisé près de trois millions de sympathisants de gauche et lui ont donné les 9 et 16 octobre une confortable avance sur ses concurrents, dont l'autre finaliste Martine Aubry (57% contre 43%). Peaufinant sa stature de candidat rassembleur, et alors que Martine Aubry, acceptant sa défaite, appelait l'ensemble des socialistes à se ranger derrière lui, il a tendu la main aux écologistes et à l'extrême gauche, dont il aura besoin pour l'emporter au second tour, ainsi qu'aux centristes qui cherchent encore leur stratégie. «C'est le rêve français que je veux ré-enchanter, celui qui a permis à des générations durant toute la République de croire à l'égalité et au progrès», a-t-il déclaré, soulignant que ses seuls adversaires étaient «la droite et l'extrême droite». M. Hollande devient le principal adversaire de Nicolas Sarkozy, au plus bas dans les sondages après quatre ans et demi de présidence, et que la mise en ordre de marche de la gauche va sans doute pousser à descendre dans l'arène électorale plus tôt qu'il ne le souhaitait. Le président en exercice, probable candidat à sa succession, va s'exprimer à la télévision le 24 octobre sur la crise économique. Mais ses partisans ont lancé sans attendre la contre-offensive en reprenant contre M. Hollande les critiques qu'il a suscité dans une partie de son propre camp: inexpérimenté, indécis, habile à cultiver le flou, représentant d'une «gauche molle» contraint de s'allier avec la «gauche sectaire». François Hollande, donne «l'image de quelqu'un qui a beaucoup de mal à prendre des décisions difficiles», a lancé Jean-François Copé, le chef de l'UMP, le parti de M. Sarkozy. Le candidat socialiste, député et président de l'assemblée départementale de Corrèze (centre), mais qui n'a jamais été ministre, est un «capitaine inexpérimenté», surtout à l'international, auquel il serait dangereux de confier «la barre du navire France dans la tempête mondiale économique et monétaire», a renchéri le numéro deux de l'UMP Marc-Philippe Daubresse. Martine Aubry, 61 ans, qui fut numéro deux du gouvernement de Lionel Jospin (1997-2002), a largement utilisé l'argument de son expérience pour tenter d'affaiblir son adversaire de la primaire, avec lequel elle partage la même conception d'une gauche réformiste, qui accepte les contraintes budgétaires et place la justice sociale en tête de ses priorités. Les personnalités de la majorité de droite ont souligné qu'il sera difficile pour le candidat socialiste de tenir sur la durée en ne décevant ni les partisans de la démondialisation représentés par Arnaud Montebourg, ni les sociaux-libéraux de Manuel Valls, ou encore les adversaires de l'énergie nucléaire. Ces deux personnalités, qui incarnent respectivement l'aile gauche et le versant droit du parti socialiste, avaient été éliminés au premier tour de la primaire. La droite n'a pas su afficher une position commune sur cette initiative des primaires qui ont passionné les Français. Nicolas Sarkozy a laissé entendre qu'elles n'étaient pas conformes à l'esprit de la Constitution mais plusieurs ténors de la majorité jugent qu'il faudra y avoir recours en 2017. Pour le scrutin de 2012, l'UMP continue à afficher son soutien à M. Sarkozy, son candidat «naturel», en dépit de l'inquiétude suscitée par sa faible popularité. Mais après plusieurs semaines de campagne socialiste largement répercutée par les médias, la droite entend bien maintenant faire entendre sa voix. Fidèle à son caractère consensuel, François Hollande a promis qu'il observerait une «diète médiatique», mais «pas trop longtemps».