Les habitants du village Ghicha, distant de quelque deux kilomètres du chef-lieu de daïra et de la commune de Bordj Ménaïel ignorent que durant l'époque coloniale, leur bourgade était surnommée «le village de France». Ce hameau a connu ses années de gloire et a joué un rôle central et déterminant pour le bien-être régional, ce qui faisait de lui un lieu privilégié. Pour les nombreux colons qui s'installèrent et reconstruisirent de nombreuses fermes à l'image des Cortesse, de celle de Oulid Ennour (Algérien naturalisé français), on s'adonnait à la culture du vignoble, du melon et de la pastèque, ainsi qu'à la plantation d'oliviers. C'était le fief natal des Cherifi, des Tadjers, Sahraoui, Kada, Sanjakeddine, Khettab et des Belounis (Ghicha a enfanté le général Mohamed Belounis) avant de devenir un village agricole du temps du défunt Houari Boumediene. Les habitants de ce village ne cessent de vivre quotidiennement dans des conditions marquées par un isolement et un manque notoire inhérents à la persistance de routes non goudronnées qui s'apparentent à des pistes dégradées voire impraticables. Cette carence influe directement sur la vie quotidienne des habitants qui ne peuvent se déplacer aisément sans grandes contraintes entre leurs lieux d'habitation et les différents chefs-lieux administratifs, ni se procurer leurs besoins quotidiens à cause d'absence de moyens de transport. Les habitants sont contraints à la marche à pied et les premiers à en pâtir sont les écoliers, les collégiens et les lycéens qui sont dans l'obligation de parcourir des kilomètres et des kilomètres pour rejoindre leurs établissements. Les citoyens endurent le manque de plusieurs commodités, à savoir l'éclairage public, l'eau potable, l'impraticabilité des routes, l'inexistence d'une poste, l'absence de gaz de ville, d'une salle de soins. Pour Osmane Abdenour, président de l'association des habitants de Ghicha, qui détient des copies de requêtes officielles (dont copies en notre possession), ne comprend nullement l'indifférence inexpliquée des responsables de l'APC, du chef de daïra de la commune de Bordj Ménaiel, ainsi que du wali de Boumerdès, qui se devaient d'apporter le soutiens nécessaire à leur association. Pour preuve, beaucoup de familles ont fui leurs maisons pour aller s'installer ailleurs. Nos interlocuteurs s'interrogent sur le rôle des responsables locaux. «Ils viennent avant les élections pour nous demander de mettre nos bulletins de vote dans les urnes et de voter pour eux, qu'ont-ils fait pour notre village, qu'est-ce qu'ils ont réalisé pour rendre la vie simple à la population ? Rien du tout ! La bourgade de Ghiha est dotée d'une seule école primaire privée de plusieurs commodités, notamment l'eau potable et le chauffage. Additivement à cela, les citoyens vivent encore le manque répétitif et saisonnier de gaz butane en particulier pendant les saisons hivernales. Les citoyens usent de tous leurs moyens pour s'en approvisionner et recourent généralement aux moyens dits clandestins pour avoir une bouteille de gaz chèrement payée. Chose qui fait que dans la majorité des cas, ces ruraux se rabattent sur l'usage de bois pour cuisiner et se chauffer à la manière du Moyen Age. L'association des locataires de Ghicha n'a pas hésité par le biais de son président Osmane Abdenour à demander des pouvoirs publics d'inscrire des projets liés au développement local à même d'atténuer sensiblement le poids des problèmes quotidiens. Les projets qui leur semblent prioritaires du moins pour le moment restent le raccordement au gaz naturel, le renouvellement du réseau routier, la réhabilitation du réseau d'eau potable avec le nettoyage d'urgence du château d'eau polluée. Le village Ghicha a toujours été un centre de vote pour tous les villages voisins doté d'une école primaire et d'une salle de soins, il est privé par contre d'infrastructures comme un bureau de poste, une annexe d'état civil (mairie). Le courrier est déposé chez le premier commerçant. En temps de pluie, les villageois sont confrontés à tous les obstacles : inexistence de caniveaux, d'avaloirs, insuffisance de transport scolaire, mais l'immense problème qui perturbe la vie des habitants est les inondations dues à l'oued Saliba pendant les crues hivernales qui coupent la route principale pendant plusieurs jours. Plusieurs habitations utilisent des fosses sceptiques. Le château d'eau qui alimente plus de 10 000 personnes est dans un état des plus déplorables, il représente à lui seul une source de dangers imminents (hygiène, contamination MTH) pour la santé des citoyens. Osmane Abdenour affirme que tous les problèmes ont été abordés avec le président de l'APC et le chef de daïra de la commune de Bordj Ménaiel, et ce, à maintes reprises et qu'un SOS a été lancé à qui de droit afin de mettre un terme aux souffrances des habitants qui n'aspirent qu'à vivre dignement avec un minimum de confort.