Sur un petit nuage de Tulle, le président sortant Sarkozy a invité avant-hier, le nouveau président Hollande à célébrer avec lui l'anniversaire du 8 Mai 1945 qui marque la fin de la Seconde Guerre mondiale. Les deux hommes ont déposé une gerbe de fleur sur la tombe du soldat inconnu à l'Arc de Triomphe à Paris… L'âme républicaine se régale de ces principes chevaleresques, preuve que la démocratie française garde un peu de savoir-vivre même au sortir d'affrontements impitoyables. Hormis à Athènes, où la crise politique s'ajoute à la crise de la dette, les bourses ont progressé, ce lundi en Europe et la France a pu emprunter à des taux en baisse. L'élection de François Hollande n'a pas traumatisé les fameux marchés ! Le président socialiste n'est pas l'épouvantail décrit par la droite, et c'est une bonne nouvelle pour la France. Un vent de panique dans le monde de la finance aurait inévitablement plongé le pays dans la tourmente. On peut analyser cette sérénité de deux façons. Optimiste tout d'abord : le discours de François Hollande contre l'austérité a commencé, avant même son élection, à faire du chemin en Europe, tout simplement parce que l'austérité… ne marche pas. La Grèce, l'Espagne et le Portugal n'ont fait que s'enfoncer dans la crise avec leurs plans de rigueur. Il est clair que ceux-ci ne permettront pas de sortir de la récession. Au niveau du discours, le nouveau président Français éreinte un dogme formaté par les conservateurs, ultra-dominants à la commission de Bruxelles. Malheureusement, de l'optimisme au pessimisme il n'y a que l'épaisseur d'un billet de banque. Si les marchés ne sont nettement émus de l'élection de François Hollande, c'est aussi parce que dans tous les pays d'Europe, les socialistes ont toujours scrupuleusement appliqué les recettes économiques libérales. C'est Pierre Berégovy, auquel François Hollande est allé rendre hommage à Nevers, le 1er Mai, qui a délaissé l'appel à l'épargne des Français pour emprunter sur les marchés. Et c'est Dominique Straus Khan qui a « industrialisé» le principe en créant l'agence France-Trésor. Les financiers peuvent espérer que derrière un langage très offensif envers les riches, le PS restera fidèle à ses grandes mentors tels Mitterrand ou Jospin adeptes du libéralisme économique. Le vrai défi de Hollande consiste à réussir enfin à passer d'un langage nouveau à une politique nouvelle, ce que la gauche n'a jamais fait sur une longue période. C'est un défi éminemment européen. Hollande ne cache pas qu'il mise sur les socio-démocrates allemands et sur ceux des autres pays, du Nord, notamment ceux des pays scandinaves. Le problème, c'est que le parti socialiste européen et le PPE (droite) s'entendent comme larrons en foire, se partageant même la présidence du Parlement de Strasbourg. La gauche européenne reste à construire. Sans aucun doute, l'élection de François Hollande annonce des changements en Europe, surtout face au défi de la crise qui perdure.