L'élection de François Hollande à la présidence française devrait marquer un changement pour l'Europe face à la crise, notamment par rapport à la politique du tout-austérité, estime la presse européenne. En Allemagne, partenaire privilégiée de la France, Le Financial Times Deutschland , évoquait ainsi un tournant, particulièrement pour Angela Merkel. La Chancelière allemande, apôtre de la rigueur, pour combattre la crise des dettes et qui n'avait pas caché son soutien au sortant Nicolas Sarkozy (en refusant de recevoir François Hollande dans sa tournée européenne, durant sa campagne) a subi un revers. «C'est très déplaisant pour elle», estime l'influent quotidien, proche des milieux économiques. Pas tant, parce que Hollande menacerait le sauvetage de l'euro. Mais parce que sa demande de compléter le pacte fiscal par des mesures de croissance touche à la suprématie de la chancelière en Europe», poursuit le journal économique. François Hollande, que la Chancelière voulait absolument éviter, «devient président à la place de son favori», écrit le quotidien. Et le journal d'estimer que c'est sa faute, car «elle s'est de façon inhabituelle opposée à Hollande». Elle a créé les conditions pour que Hollande puisse s'imposer aux dépens de l'Allemagne. Pour le Tagesspiele» berlinois (gauche),il voit la France «quitter symboliquement l'Europe du Nord pour le Sud, en termes d'éloignement de la discipline budgétaire», et Allemagne rester avec «peu, trop peu, d'alliés». Et «si les marchés perdent confiance en France, cela affaiblira l'euro». Mais pour le Suttgarter Zeitung, la France à elle seule ne pourra faire fléchir l'Allemagne sur l'austérité : «aussi importante soit la France pour faire avancer l'Europe, elle n'est pas assez forte pour imposer sa volonté aux autres poids-lourds . Comme on le voit, le couple franco-allemand, risque des turbulences lourdes de conséquences. Au Danemark, pays gouverné par les socio-démocrates, le quotidien Politiken proche des radicaux de gauche, estime que l'élection de François Hollande «va changer la donne et pour la France et pour l'Europe». La France de M. Hollande va donner une «nouvelle impulsion» aux relations franco-danoises. En Suède, pour Le Svenska Dagbladet (libéral) «l'austère ne remporte pas la majorité et en Finlande, la radio publique Yle juge que «l'arrivée au pouvoir de Hollande n'affectera pas seulement la France mais secouera aussi l'avenir politique de l'ensemble de l'Europe. Pour le Soir, journal francophone belge de référence, évoque «Hollande, le président attendu au tournant». Et d'avertir : «Après l'épreuve de la conquête, celle du pouvoir. Le vainqueur ne connaîtra pas l'état de grâce». La libre Belgique partage cette opinion, écrivant : «Si le profil de Hollande a rassuré, le nouveau président ne bénéficiera pas d'un état de grâce». Et le journal de souligner que M. Hollande «doit son élection en partie à un rejet de la personnalité de Nicolas Sarkozy.