«Ould Abbès tab djenanou» (Ould Abbès, son temps est passé) tel a été le slogan scandé par une centaine de professionnels de la santé, lors d'un sit-in tenu aux portes de la tutelle. Suite aux déclarations contreversées du ministre de la Santé, de la Population et de la Réforme hospitalière, Djamel Ould Abbès, ayant minimisé les revendications syndicales de son secteur à un aspect purement financier, les syndicats ont investi la rue. «Nous sommes outrés par ces déclarations, Ould Abbès parle de fiches de paye alors que notre attention est portée sur les problèmes de la santé publique», a indiqué le Dr. Merabet, président du SNPSP. Le syndicaliste a affirmé que les «dérobades» du ministre à la crise qui secoue son secteur avec des pénuries répétées de médicaments, rupture de stocks, absence de vaccin et une lamentable prise en charge des malades, gangrènent la politique sanitaire de l'Algérie. «Son mépris envers nous, est tout simplement malheureux» avant d'ajouter «passé sous silence ces problèmes et joué la carte de la publication des fiches de paye, ne nous empechera pas de faire entendre la voix du malade», s'est-il indigné. Dans le même sillage, le représentant des praticiens spécialistes, le Dr.Youcef Yousfi a indiqué n'avoir pas été surpris par la réaction «prévisible » de Ould Abbès qui au lieu «de prendre en charge les demandes des syndicalistes, choisit d'effectuer des ponctions sur salaires», a -t-il déploré. Les manifestants venus de plusieurs wilayas et brandissant des pancartes ont appelé le président de la République M. Abdelaziz Bouteflika à intervenir et mettre fin aux «dépassements de son ministre». Cet appel met en exergue le fossé qui se creuse entre les protestataires et leur ministre. D'ailleurs, ce rassemblement organisé par l'intersyndicale de la santé, regroupant le syndicat national des praticiens de la santé publique (SNPSP), le syndicat national algérien des psychologues (SNAPSY), le syndicat national des praticiens spécialistes de la santé publique (SNPSSP), le syndicat national des professeurs d'enseignement paramédical (SNPEPM), marque la rupture définitive des canaux de dialogue entre les grévistes et le département de M. Ould Abbès. En effet, au lieu de s'orienter vers un apaisement des tensions avec les syndicalistes, le premier responsable du secteur ouvre à nouveau les «portes de l'enfer» par ces déclarations estimées de «pures provocations» par les syndicalistes. Notons que, par ce nouveau chapitre et l'accroissement de la grogne des personnels sanitaires, la crise risque encore de s'éternir, paralysant ainsi de plus en plus les établissements hospitaliers et les malades.