François Hollande est officiellement devenu mardi, le 7e président de la Ve République, marquant le retour de la gauche au sommet de l'Etat après 17 ans d'absence. Investiture solennelle, discours sur le rassemblement de la nation et bains de foule, puis il a nommé son premier ministre, Jean-Marc Ayrault. M. Ayrault, socialiste réformiste, peu connu du grand public, germanophile et germanophobe, devrait rassurer l'Allemagne où le nouveau chef de l'Etat français est arrivé en début de soirée, après un retard dû à un coup de foudre ayant touché son avion, pour son premier entretien avec la chancelière Angela Merkel. Les deux dirigeants ont prôné l'union sacrée contre la sortie de l'euro par Athènes, mais divergent sur la croissance en Europe. Dans un style sobre et déterminé, à l'image de la traditionnelle passation de pouvoir qui s'est déroulée, mardi matin à l'Elysée, le socialiste français et la conservatrice allemande forment un couple de raison. Pas de «coup de foudre» entre eux, ni même de bise comme du temps de Nicolas Sarkozy. Sérieux, respectueux, cordial mais buté, le président François Hollande veut remettre en cause le dernier traité européen, négocié sur la base d'un accord Merkel-Sarkozy, alors que la chancelière allemande refuse absolument de dévier la politique de rigueur qu'elle a eu tellement de mal à faire adopter aux vingt-sept et qui forme l'ossature de ce traité. Elle ne veut pas entendre parler d'emprunts collectifs européens, les eurobonds alors que Hollande veut mettre le dossier sur la table dans une semaine lors du prochain sommet de Bruxelles. Il faut donc trouver le plus petit dénominateur commun, et il est forcément à chercher dans les généralités. Premier mot d'ordre : il faut que la Grèce reste dans la zone euro. Comment ? personne ne sait. Deuxième point de convergence : Merkel et Hollande se prononcent pour la croissance et annoncent des «propositions communes pour le mois de juin». Lesquelles ? On verra. Troisième consensus : «Nous voulons travailler ensemble pour le bien de l'Europe». Un langage aux contours flous. Il a fallu cinq ans dont quatre de crise, pour que le couple Merkel-Sarkozy trouve son rythme. Combien de temps faudra-t-il pour que Merkel et Hollande s'apprivoisent à leur tour ? D'ici là, la Grèce aura peut-être explosée, et l'Euro avec. Une chose est sûre, il y aura encore beaucoup d'orage météorologique, économique et politique à traverser. La rencontre de Berlin n'était qu'un round d'observation entre le fameux couple franco-allemand. Au lendemain de cette visite, Hollande a plaidé pour «une relation équilibrée et respectueuse de nos sensibilités politiques». Hier, il a porté son nouvel habit de chef de l'exécutif. Avec son premier ministre Jean-Marc Ayrault, il a mis la dernière main à son gouvernement. Un exercice compliqué et très politique. Dès la semaine prochaine, les premières mesures, les premiers décrets ne manqueraient pas d'être scrutés à la loupe par les Français auxquels, il a promis le changement. Dès la semaine prochaine aussi, commencera la bataille des législatives. Il restera alors moins d'un mois au nouveau Président pour se doter d'une majorité, indispensable pour réussir son mandat.