La rentrée s'annonce chargée pour Nicolas Sarkozy. Alors qu'il planchera, demain, avec le Premier ministre François Fillon sur les propositions des ministres des Finances, François Baroin, et du Budget, Valérie Pécresse, pour mettre en œuvre la réduction des déficits promise à ses pairs européens, Nicolas Sarkozy accueillera, aujourd'hui après-midi, la chancelière Merkel à l'Hôtel de Marigny. Certes, ce nouveau sommet franco-allemand était prévu dès le dernier sommet européen extraordinaire du 21 juillet, au cours duquel les 17 chefs d'Etat et de gouvernement de la zone euro s'étaient entendus sur plusieurs mesures pour sauver le projet de monnaie unique, notamment en étendant les attributions du Fonds européen de stabilité financière (FESF) et un nouveau plan d'aide à la Grèce incluant une participation des créanciers privés, c'est-à-dire surtout les banques et les assureurs. LE FAMEUX TRIPLE A Mais cette rencontre prend un tour très différent depuis la crise de confiance de la France et de ses banques, dernier sur les marchés financiers. Pour tous les observateurs, la monnaie unique et la zone euro ne tiennent que grâce au rôle moteur du couple franco-allemand. Si Paris ne devait plus à l'avenir bénéficier de la même meilleure note des agences de notation (le fameux triple A) que Berlin, leur coopération en serait chahutée. Jusqu'ici Berlin s'est bien gardé d'exprimer la moindre critique à la gestion des finances publiques françaises, contrairement à plusieurs remarques à l'emporte-pièce de la chancelière sur les pays du Sud comme l'Espagne, la Grèce ou l'Italie, auxquels elle a pu reprocher publiquement des prestations sociales (âge de départ en retraite par exemple) trop généreuses au regard de leurs dettes. La chancelière sera cependant curieuse de savoir comment le président français entend tenir ses objectifs de réduction du déficit public (5,7 % du PIB prévus cette année, 4,6 % en 2012 et 3 % en 2013). Officiellement, Nicolas Sarkozy et Angela Merkel doivent présenter, aujourd'hui, " des propositions communes concernant la réforme de la gouvernance de la zone euro ", destinées au président de l'UE, Herman Van Rompuy. Un semblable sommet à l'automne dernier à Deauville s'était révélé un fiasco, laissant les marchés dans l'incertitude sur leur stratégie. Aussi ce mardi, la chancelière et le président devront éviter un tel écueil tout en étant suffisamment convaincants pour les observateurs. Une fin de vacances plus que périlleuse. LES EUROBONDS PAS AU PROGRAMME DUSOMMET MERKEL-SARKOZY La question des Eurobonds ne figurera pas au programme de la rencontre entre Angela Merkel et Nicolas Sarkozy, aujourd'hui, selon le porte-parole du gouvernement allemand."Le gouvernement a dit à de multiples reprises ne pas croire à la pertinence des eurobonds, c'est pourquoi ils ne joueront aucun rôle dans la réunion de demain", a déclaré Steffen Seibert. L'objectif du gouvernement allemand est de mettre en oeuvre les accords conclus le 21 juillet entre dirigeants de la zone euro, et la France et l'Allemagne vont à cet effet examiner les différentes options offertes par les traités existants, a-t-il ajouté. La chancelière allemande et le président français discuteront en revanche d'une méthode plus appropriée de gestion de la crise dans la zone euro, mais il ne faudra attendre aucune avancée majeure de ce sommet bipartite, a souligné Steffen Seibert. L'Allemagne ne dispose d'aucun élément indiquant que Nicolas Sarkozy souhaite évoquer mardi la question des Eurobonds, mais Angela Merkel ne refusera pas d'en parler si jamais il venait à le faire, a poursuivi le porte-parole. Il s'est par ailleurs réjoui que de nouveaux pays aient pris des mesures de limitation des ventes à découvert à nu. "Nous sommes ravis que d'autres pays de l'UE nous aient rejoints. Plus on est de fous, plus on rit."