Les uns sont arrivés, l'air sérieux, dossiers sous le bras, d'autres ont esquissé des sourires timides. Malgré de hauts talons, ils ont bravé les gravillons de la cour de l'Elysée… Le gouvernement Ayrault est marqué par une parité inédite, comprenant autant de femmes que d'hommes et même un portefeuille pour les droits de femmes. Les 34 ministres se sont mis au travail jeudi, lors de leur tout premier Conseil des ministres. La présidence Hollande est entrée, en action en affichant sa volonté d'exemplarité avec la baisse de 30% des salaires des membres du gouvernement et la signature d'une charte de déontologie. L'alternance politique, que la France n'a plus connue depuis 1995, est forcément un temps d'exaltation. Les arrivants se sentent investis d'une mission rénovatrice, presque régénératrice, ils ont le sentiment qu'ils donnent le signal d'un nouveau départ. La politique ne croit plus aux révolutions, mais a encore, comme le cheminots, foi en ses aiguillages. C'est pourquoi le nouveau ministre de l'Intérieur, Manuel Valls, qui s'est attaqué violemment à la politique menée par son prédécesseur Claude Guérant, a fait savoir que le pays avait non seulement besoin d'ordre, mais aussi «de tempérance et de mesure. Tout à leur joie d'être au cœur du pouvoir exécutif, les nouveaux ministres débordent de bonne volonté. Si, envers et contre toutes les dettes et fardeaux, il y a encore un état de grâce, il est là, sous les yeux des Français. Qu'ils savourent ses instants d'optimisme! Car demain sera un autre jour. Le nouveau président français s'est envolé hier, pour son premier G8 à Camp David, après un entretien à Washington avec Barack Obama, l'occasion pour les deux hommes de faire connaissance. Ce voyage très sensible aux Etats-Unis, comme à Berlin, mardi soir, sera confronté à la crise de l'euro, plus insoluble que jamais. Angela Merkel et François Hollande ont plaidé, lors de leur rencontre, pour qu'Athènes garde la monnaie unique. Le nouveau chef de l'Etat Français est attendu également à Chigago, demain et lundi, où il doit assister à la réunion de l'Otan, qui examinera la situation en Afghanistan ainsi que l'avenir de l'alliance. François Hollande aura l'occasion de préciser ses positions quant au retrait des troupes françaises de l'Afghanistan, prévu fin 2012. Il débattra aussi, sur l'économie de l'Union européenne en pleine crise. Que peuvent faire les européens, le G8 et le FMI pour éviter l'implosion ? à vrai dire… pas grand chose, sinon continuer à verser de l'argent dans le tonneau grec… (et autres pays européens) dont tout le monde sait qu'il n'a pas de fonds. Qu'Athènes reste ou non dans l'euro, la facture sera lourde. En mettant l'accent sur la relance de la croissance plutôt que sur l'austérité, le président Hollande a su s'accorder les faveurs de la Maison-Blanche. Plus réservé, plus posé, plus pondéré, François Hollande semble plus compatible avec Barack Obama que ne l'était Nicolas Sarkozy. Même s'il est socialiste, le président français est un peu à l'image du président américain, qui ne change pas d'avis et qui n'est pas impulsif.