Cannes veut en mettre plein les yeux. Pour sa 65e édition, qui s'est ouverte mercredi, le grand festival du monde compte défendre toute la magie du cinéma, entre audace et paillettes. L'édition cannoise 2011 a été passionnante. Le cru de cette année qui se tient jusqu'au 27 mai est riche de promesses. Mais le Festival international tient toujours le même cap. Pendant dix jours, Cannes est le centre du monde… cinématographique : le grand rendez-vous mondial du 7e art. Cannes n'est pas seulement le tapis route et des stars dont se repaissent les télés. Et pas seulement non plus des hommes d'affaires signant, dans les suites des grands palaces, des contrats mais aussi des cinéastes viennent pour donner des nouvelle du monde, exaltantes ou désespérantes, peu importe. Tout cela, Giles Jacob, le président du Festival de Cannes et Thierry Fremaux, le délégué, le savent bien. S'il s'agit de jongler entre ces contraintes, M. Fremaux affirme clairement que Cannes tient toujours le même cap, en l'occurrence retenir la cinquantaine de films qui dessinent, en mai, un état de la création cinématographique… Car bien sûr, ce sont les créateurs qui font Cannes et non pas l'écume ou l'éphémère. Et c'est pour cela que La Croisette est un lien qui offre l'instant privilégié de la découverte d'un film Polis, Drive, Melancholia, Le Havre, Pater et Artist, qui fit de l'édition 2011 un cru long en bouche. Bien sûr, les « fils de Cannes » sont au rendez-vous et quatre titulaires de la Palme d'or défendront leur titre : Michael Haneke (Amour), Abbas Kiarstami (Like Someone in love), Ken Loach ( La part des anges) et Cristian Mungui (Au-delà des Collines), mais on verra aussi arriver un nouveau cinéma américain, que Thierry Fremaux présente, celui qui entend combler l'espace laissé vacant entre les deux extrêmes d'une même industrie. Dès l'ouverture, on a retrouvé deux documentaires retraçant la vie et la carrière de deux cinéaste majeurs : Woody Allen et Roman Polanski. En maîtresse de cérémonie, la sublime Bérénice Bejo, très classe, très élégante dans une somptueuse robe rouge à traîne conçue par la styliste Camille Seydoux, a exprimé de belle façon son amour du cinéma générateur d'émotions intenses, devant un jury autour d'un président Nanni Moretti, qui dit vouloir jouer la carte de la collégialité. La soirée officielle du festival a été ouverte par le film, Moonrise Kingdom de l'Américain Wes Anderson, avec Bruce Willis et Bill Murray (qui ont beaucoup réjoui la presse), dont un rôle aux antipodes de leur image de justicier. Un film très décalé qui sera suivi de Lee Danies (The Paperboy), autres films en compétitions, on trouvera (Mud de Jeff Nicolas, Lawless de John Hillcott, Killing Teham Softly) de Andrew Dominic. Et que dire du Canadien David Cronenberg qui plonge dans New York à la suite d'un Golden Boy en perdition (Cosmopolis) ou du Brésilien Walter Salles qui part sur la route ? A Cannes, le cœur balance souvent entre tendresse et grogne quand il s'agit du cinéma français. Cette fois, se retrouvent en piste le doyen Alain Résnais (90 ans), le cinéaste maudit Léos Carax (Holys Motors) et un Jacques Audiard très attendu avec De Rouille et d'Os… L'histoire d'un type fruste, tout de force physique, mais cabossé par l'existence. Mais les coups de cœur peuvent venir d'autres coins… de la compétition officielle. D'Egypte ave c les conséquences du printemps arabe (après la bataille) de Yousri Nasrallah, du Mexicain avec les expérimentations esthétiques de Carlos Posgados (post ténébras Lux), d'Ukraine avec Dans la Brume de Sergei Loznitza, d'Italie avec Matteo Garrone et Reality, d'Autriche avec le dérangeant Ulrich Seidl (Paradies : Liebe), du Danemark avec La Chasse et le retour attendu de Thomas Vinterberg ou encore de Corée avec les œuvres d'un Sang-Soo (L'Ivresse de l'argent) et de Hong Sangsoo (In Another Country)… Et puis, pour l'indispensable glamour, on attend Robert Pattinson, Kristen Stewart, Bruce Willis, Brad Pitt, Marion Cotillard, Nicole Kidman, Reese Whiterpoon, Kristen Dunst, Jessica, Chastain. De quoi faire crépiter les flashs et chavirer les cœurs. Au moment où nous mettons sous presse, la nouvelle ministre de la Culture, Aurélie Filipetti n'est pas apparue au Festival international de Cannes. On ignore encore si elle viendra à La Croisette.