Le Musée national d'art moderne et contemporain (MaMa) accueille, jusqu'au 30 septembre prochain, une exposition de peinture, signée par l'artiste Mahdjoub Ben Bella. Bien que cumulant une expérience d'une quarantaine d'années, Mahdjoub Ben Bella expose pour la première fois en Algérie. En effet, il revient dans son pays avec une exposition riche de plus d'une centaine de tableaux, réalisés depuis les années soixante-dix. Selon les organisateurs, l'exposition en question prévue initialement jusqu'au 31 mai prochain, a été prolongée jusqu'au 30 septembre en raison de la célébration du cinquantenaire de l'indépendance. Cette exposition est, en fait, la première manifestation, inscrite dans le programme du ministère de la Culture. Le vernissage de cette exposition a regroupé une assistance nombreuse, composée, entre autres, de la ministre de la Culture, Mme Khalida Toumi, du ministre de la Communication, M. Nacer Mehal, ainsi que d'un certain nombre d'artistes peintres et de critiques d'art, comme Mustapha Nedjai, Arezki Larbi, Souhila Belbahar et Nadjet Khadda. L'ensemble des cent cinquante-six œuvres exposées se caractérisent par des formats différents aux couleurs bigarrées et aux tracs soignés. Emu par ces retrouvailles avec son pays et son public, le plasticien Mahdjoub Ben Bella avoue qu'il a passé une cinquante d'années loin de son pays. «Venir aujourd'hui, à l'occasion de la célébration du cinquantenaire de l'Algérie, pour exposer mes toiles dans un espace comme le MaMa, ne peut que me réjouir», a-t-il indiqué à la presse nationale. A la question de savoir pourquoi l'artiste s'est absenté aussi longtemps de son pays, Mahjoub Ben Bella ne trouve pas de réponse dans la mesure où lui-même s'interroge sur les raisons de sa rupture avec sa terre natale: «Je ne sais pas. Peut-être que je n'ai pas été compris. D'ailleurs, c'est la question que je me pose aussi», révèle-t-il. L'artiste a présenté de belles œuvres aux techniques de peinture diverses telles que l'huile sur toile, l'acrylique, l'encre sur papier. A travers sa peinture abstraite, le plasticien estime qu'il n'a pas de message précis à acheminer à tout potentiel visiteur. «L'œuvre d'art, c'est seulement et avant tout de l'émotion», explique-t-il aux nombreux présents. Mahjoub Ben Bella est né en 1946, à Maghnia, dans un village situé à l'extrême nord-ouest de l'Algérie, près de la frontière marocaine. Il part pour la France à 19 ans afin de suivre les cours de l'Ecole des beaux-arts de Tourcoing, puis ceux de l'Ecole nationale supérieure des beaux-arts de Paris. Installé depuis 1975 à Tourcoing, il y a son atelier, conçu comme une véritable exposition; il est un lieu, non seulement de travail, mais aussi un endroit où se côtoient ses œuvres achevées. Outre ses expositions - plus traditionnelles dans de nombreuses galeries ou musées français -, Mahjoub Ben Bella s'est distingué par une œuvre originale et atypique: en 1972, il peint les murs du vieux Lille (sur une surface de 380 m2), en 1986, ce sont 12 km de pavés de la route du Paris-Roubaix qui sont recouverts de signes, une réalisation qu'il nomme «L'Envers du Nord». En 2000, il décore la station «Colbert» du métro tourquennois de 1 800 carreaux de céramiques. Il est également sollicité pour concevoir et fabriquer le décor d'un stade de Sao Paulo, ou encore pour créer le fond de scène d'une corégraphie pour le Ballet du Nord. Son œuvre est multiple, variée, prolifique Longtemps réglées par la graphie arabe, les créations de Mahjoub Ben Bella n'en ont conservé peu à peu que le matériau pictural, donnant à voir une œuvre dense qui s'inscrit dans un double héritage : celui de la calligraphie arabe et de la peinture européenne. Qu'il joue sur la profusion des motifs ou sur les performances de sa gamme chromatique, l'artiste crée un constant et minutieux dialogue du signe et de la couleur. La calligraphie est détournée de sa fonction première et réappropriée sous une forme plastique. L'artiste crée ainsi un constant et minutieux dialogue entre le signe et la couleur. C'est parce que demeure, à la source de chacune de ses interventions, une énergie intacte qui le pousse à ne pas satisfaire ce qu'il a déjà acquis. Mahjoub Ben Bella est également représenté dans une dizaine de musées et collections publiques.