L'Algérie va fêter le 5 juillet 2012, cinquante années d'indépendance politique. De juillet 1962 à juillet 2012, elle a connu sept dirigeants : Ahmed Ben Bella (1962 à 1965) , Houari Boumediene (1965 à 1978), Rabah Bitat (1978 à 1979), Chadli Bendjedid (1979 à 1992), Mohamed Boudiaf (1992 ), Ali Kafi (1992 à 1994), Liamine Zeroual (1994 à 1999) et Abdelaziz Bouteflika (1999 à aujourd'hui). Cependant ce serait une erreur de relater que 50 années de 1962 à 2012 de l'indépendance, pour comprendre la situation tant politique, sociale, économique que culturelle de l'Algérie, l'histoire d'une nation ne se découpant pas en morceaux. D'ou vient ce terme Algérie ? L'étymologie du nom en arabe, «Al-Djaza'ir», rattache le nom aux îles qui faisaient face au port d'Alger à l'époque et qui furent rattachées à sa jetée actuelle. Le terme d'île pourrait, selon des géographes musulmans du Moyen Âge, désigner la côte fertile de l'actuelle Algérie, coincée entre le vaste Sahara et la Méditerranée, apparaissant alors comme une île de vie, En ce qui concerne Mezghenna, Tassadit Yacine rapporte l'hypothèse d'une forme arabisée d'Imazighen, ou «Berbères», donnant au pays le nom originel Tiziri At Imezghan, «Ziri des Berbères». Une autre étymologie situe son origine dans le nom de Ziri Ibn Menad Djezaïr, alors de Dziri du berbère Tiziri. L'appellation Algérie provient du nom de la ville d'Alger qui dérive du catalan Aldjère lui-même tiré d'Al-Djaza'ir, nom donné par Bologine Ibn Zir, fils du fondateur de la dynastie ziride, lorsqu'il bâtit la ville en 960 sur les ruines de l'ancienne ville au nom romain Icosium, Djaza'ir Beni Mezghenna. Le nom en français, Algérie, utilisé pour la première fois en 1686 par Fontenelles pour qualifier la Régence d'Alger, est officiellement adopté le 14 octobre 1839 afin de désigner ce territoire faisant partie de la côte des Barbaresques. Ainsi, l'Algérie dans sa préhistoire est d'essence berbère, et, selon une version fréquente, aurait le sens d'«homme libre», de rebelle, mais dans le cadre d'une rébellion organisée. Les Berbères sont un ensemble d'ethnies autochtones d'Afrique du Nord qui occupaient à une certaine époque, un large territoire qui allait de l'ouest de la vallée du Nil jusqu'à l'Atlantique et l'ensemble du Sahara. Ils y fondèrent de puissants royaumes, formés de tribus confédérées. Connue dans l'Antiquité sous les noms de Maures, ou encore Numides, l'Algérie connut la con-quête romaine, l'invasion vandale la conquête arabe, la conversion à l'Islam, la conquête espagnole, ottomane et française. Mais depuis de longs siècles, une con-science nationale «algérienne» s'est forgée, malgré bon nombre de péripéties tout au long de son histoire. L'histoire étant le fondement de la connaissance, la présente contribution, dont l'objectif est de démystifier l'histoire millénaire et combien riche de l'Algérie, certainement imparfaite comme toute recherche à approfondir, en espérant qu'elle suscitera un débat contradictoire au profit exclusif de l'Algérie, sera scindée en cinq parties : l'Algérie de la période des Numides à la période romaine ; de la période du Kharidjisme à la dynastie des Almohades; l'occupation espagnole et ottomane; la colonisation française de 1830 à 1962 et du nationalisme algérien à la révolution du 01 novembre 1954. Le plus grand ignorant étant celui qui prétend tout savoir, toute critique productive sera la bienvenue. L'Algérie de la période des Numides à la période romaine L'Algérie a été peuplée dès l'aube des temps. Les vestiges de la présence humaine en Algérie remontent à 400 000 ans, âge attribué aux restes de l'«Atlanthrope», découverts dans les sédiments du lac préhistorique Ternifine, en Oranie. L'Atlanthrope était un contemporain du Simanthrope et du Pithécanthrope de Java. Des ossements ont été retrouvés au milieu des outils de pierre taillée qu'il fabriquait. Des outils du même type ont été retrouvés sur d'autres sites attestant la présence de l'homme primitif. En Algérie, on assiste, d'une façon frappante, au voisinage immédiat de l'histoire et de la préhistoire. Hérodote et Saluste portent témoignage sur les formes maghrébines de la civilisation néolithique. Il faut souligner que c'est au Sahara que la civilisation néolithique a connu ses plus belles réussites avec une perfection technique inégalée, comme en témoignent les peintures du Tassili-N'Ajjers, du Tassili du Hoggar avec les pierres taillées et polies, comme on peut en voir dans la magnifique collection du musée du Bardo. A l'aube de l'histoire, l'Algérie était peuplée par les Numides qui gardèrent de la civilisation primitive, la famille Agnatique et l'Aguellid. Il est probable que c'est cette organisation sociale que trouvèrent les Carthaginois, à leur arrivée, au IXe siècle avant J.-C. Les Phéniciens fondèrent Carthage vers l'année 814 avant J.-C et poussèrent leurs bateaux jusqu'en Espagne. Mais la côte africaine de la Méditerranée était très hostile : de nombreux récifs et de hauts-fonds rendaient la navigation très difficile. D'est en ouest, la côte algérienne abritait des comptoirs qui sont devenus : Annaba, Skikda, Collo, Jijel, Béjaïa, Dellys, Alger, Tipaza, Cherchell, Ténès, Bettioua, près d'Arzew, Ghazaouet, comptoirs qui seront plus tard les assises des villes puniques, numides et romaines. Carthage étend son influence sur les populations de l'intérieur, à travers les relations commerciales. Ainsi apparurent des villes où l'influence punique est incontestable. Alors que Carthage rayonnait de toute sa puissance, les Royaumes numides de Gaia, Massinissa et Syphax avaient atteint un degré de développement exceptionnel sur les plans économique, social et culturel. Bien que peu, ou encore mal connue, cette période reste l'une des plus passionnantes de l'histoire de l'Algérie. (A suivre)