Le parc naturel Bélezma, dans la wilaya de Batna, a accueilli, ces derniers jours, des délégations américaine et française venues spécialement pour étudier sur place le phénomène local du dépérissement du cèdre des Aurès. La délégation américaine est composée d'un Américain en post-graduation et de son encadreur, Ramzy Touchent, un Américain d'origine syrienne et professeur à l'université de l'Arizona dans la discipline de la dendrochronologie. Cette science permet, à travers l'étude et l'analyse de l'évolution chronologique du bois des arbres, de déterminer les causes exactes de certains phénomènes historiques ou socio-économiques. Dans un exposé présenté à l'université de Batna, il a été affirmé qu'à l'aide de la dendrochronologie, il est possible de reconstituer le climat d'une époque révolue, les cycles successifs de la végétation, les historiques des incendies de forêt, les attaques parasitaires et les pollutions. L'on apprend ainsi que grâce à la dendrochronologie, les chercheurs ont pu découvrir que la disparition des populations aztèques et incas était en fait due à la sécheresse, donc à la famine. C'est la troisième fois qu'une délégation américaine séjourne à Batna pour étudier de près le dépérissement du cèdre, phénomène amorcé depuis les années 80. A partir de l'an 2000, des cantons entiers de cèdre disparaissaient et la cause n'est autre que le changement climatique. Le dépérissement au parc Bélezma diffère d'un endroit à un autre selon le taux de 20 à 40% sauf au canton de Boumerzoug où le dépérissement est à 90% .Tous les cinquante ans, intervient une période de sécheresse de cinq années d'affilée que le cèdre ne supporte pas. Ce phénomène avait été signalé respectivement en 1888 et 1950. Le parc national du Belezma est le plus vaste en superficie de cédraies soit six mille hectares, ce qui représente 30% du potentiel national en la matière. Belezma est un parc de montagne comme ceux de Djurdjura (Kabylie) et Chréa (Blida). De plus, Belezma est situé à Batna, c'est-à-dire aux portes du désert et le point de fixation des dunes est à M'doukal. Nul n'ignore que la désertification avance à grands pas et que la donne climatique perturbe le cycle naturel tel ce phénomène inquiètent de la mort à petit feu du cèdre des Aurès, un dépérissement auquel les spécialistes tentent d'apporter une explication scientifique. A Batna, un séminaire tenu à l'université a levé le voile sur la vérité du mal qu'endure le cèdre. Si au départ, l'on a cru aux attaques parasitaires comme étant la cause de ce phénomène nuisible, les professeurs Abdellah Bentouati et le docteur Mohamed Messaoudène ont mis en exergue au séminaire de Batna la cause majeure du dépérissement du cèdre. Ils ont affirmé que ce sont les changements climatiques qui mettent à mal la végétation et le cèdre. Que faire alors pour tenter de juguler l'avancée du dépérissement ? La solution, ce sont les experts et les spécialistes du domaine qui peuvent l'apporter, pas les politiques ou les gestionnaires administratifs. Le parc national Bélezma combat ce phénomène par de multiples actions concrétisées sur le terrain. Selon Said Abderrahmani, directeur du Parc, des travaux de coupes sanitaires ont été entrepris sur une superficie de deux mille hectares à la forêt du Bélezma. Deux cents hectares ont été reboisés bien que «la régénération par endroits reste difficile», nous précise M. Abderrahmani. Mises en défens et ameublissement ont porté sur 350 ha. La direction du parc a procédé à l'ouverture de pistes sur une distance de 16 km et aménagé une distance de 15 km en plus de la création de trois points d'eau. Deux chantiers jugés indispensables ont vu le jour : création d'une pépinière pour répondre aux besoins en plants et campagne de sensibilisation du public. Les efforts déployés çà et là ont permis l'ouverture de trois endroits ou aires de détente aux citoyens et aux familles qui s'adonnent aux loisirs en pleine nature. Ce sont Aïn Kerrouche (Hamla), aire de détente de Bourgem, et le parc animalier de Djerma. Tout a été rendu propice pour la redécouverte du tourisme de montagne. Des associations collaborent avec la direction du parc par le biais d'une convention et d'un cahier des charges. Le parc Bélezma dispose pour sa gestion, en plus des services de la direction, de trois secteurs opérationnels : Hamla, Fesdis et Oued El-Ma pour une effectif global de 76 agents. Il reste que le dépérissement du cèdre des Aurès est un sujet de préoccupation majeure et la lente mais irréversible disparition de cette espèce constituera à coup sûr une catastrophe écologique irréparable.