Annoncé en mars dernier, le plan de redressement et de relance de l'industrie manufacturière n'est toujours pas entré en application, selon Amar Takjout, secrétaire général de la Fédération nationale des travailleurs du textile et du cuir (FNTTC-UGTA). «Les démarches sont en cours. Cependant, il subsiste un problème de concordance des chiffres relatifs aux dettes bancaires des entreprises», déclare M. Takjout, joint par téléphone. Doté de 135 milliards de dinars (2 milliards de dollars), ce programme d'assainissement et de relance devrait être opérationnel à partir de septembre prochain, espère le SG de la FCTTC. «Il serait dommageable si ces mesures ne trouvaient pas un début d'exécution au cours de l'année prochaine. Car cela risque d'induire une perte de temps, d'argent et d'emplois», s'inquiète notre interlocuteur. Le plan de sauvetage en question, qui s'étale sur cinq années, touchera l'ensemble des groupes étatiques agissant dans le textile, le cuir, la confection et le bois. Environ 94,5 milliards de dinars, soit les deux tiers de l'enveloppe financière, seront destinés à l'assainissement des dettes des entreprises du secteur. Le plan prévoit d'ailleurs 3,9 milliards de dinars pour prendre en charge la dette fiscale, 54,4 milliards pour le rachat du découvert bancaire enregistré auprès de la Banque nationale d'Algérie, 9,7 milliards pour le rachat de la dette d'investissement et 1,3 milliard pour le paiement des dettes envers le liquidateur, le reste de la manne étant consacré à l'investissement et le développement de l'outil de production. A ce titre, la branche des textiles bénéficie d'un plan d'investissement de 23,9 milliards de dinars, celle de la confection de 7,4 milliards, le secteur du bois de 5,4 milliards et enfin la filière cuir de 2,8 milliards de dinars. M. Takjout soutient par ailleurs que les entreprises devant bénéficier de ces meures gouvernementales doivent revoir leur méthode de management et assurer leur mise à niveau dans le but de faire face à la concurrence et reconquérir des parts de marché. Laminé par les importations tous azimuts, le secteur du textile est actuellement sinistré, alors qu'il a connu un grand essor au cours des années 1960 et 1970. Actuellement, cette branche emploie 15 000 salariés contre pas moins de 200 000 il y a 20 ans. Les entreprises ont fortement subi les conséquences de la levée des restrictions douanières, le développement du marché informel et de la contrefaçon. Résultat : le secteur représente seulement 5 à 6% du marché algérien. L'essentiel des marchandises vendues sur le marché du textile est importé, alors que les entreprises locales des secteurs public et privé seraient en mesure de les produire sur place, selon M. Takjout : «Tout ce qui est importé n'est pas forcément de bonne qualité. Nous pourrions faire de la concurrence sur des produits de base. Mais les entreprises doivent faire preuve de créativité et investir dans le domaine de la recherche.» L'Algérie importe pour 6 milliards de dinars par an, l'Asie se taillant la part de lion en tant que région d'origine avec 74% du total des importations. Selon M. Takjout, l'industrie du textile, au cas où le plan de relance était efficacement conduit, pourrait créer pas moins 300 000 postes d'emploi.