La situation en Syrie a connu, hier, une montée en puissance de la tension qui pèse sur la région depuis le début de l'insurrection armée d'une partie du peuple syrien contre le régime de Bachar Al Assad. En effet, le régime syrien a abattu, dans la nuit de vendredi à samedi, un avion militaire turc qui a pénétré l'espace aérien syrien, alors que les violences ont fait plus de 350 morts ces trois derniers jours, dont essentiellement des victimes de bombardements intensifiés par le régime de Assad contre les bastions des rebelles. Ankara qui a reconnu l'incident de violation de l'espace aérien syrien, joue la carte de l'apaisement avec son ancien allié auquel elle reproche les massacres commis contre les populations syriennes. Damas, de son côté, reproche à la Turquie d'abriter, sur son territoire, des camps d'insurgés et de déserteurs syriens, dont le chef de l'Armée syrienne libre (ASL), Riad Al Assaâd. Fruit d'un constat d'impuissance face à l'aggravation de la situation en Syrie, l'appel de l'envoyé de Ban Ki Moon dans ce pays ne semble pas avoir reçu des échos approbateurs. Kofi Annan a en effet appelé la communauté internationale à augmenter la pression sur les parties impliquées et émis le souhait inattendu, que l'Iran prenne part à une prochaine réunion sur la crise. Une première, au vu des solutions déjà envisagées, qui signifie que l'on soit en train, côté camp anti-régime syrien, de s'ouvrir à des voies réalistes afin de trouver des solutions à cette crise, tout en reconnaissant à l'Iran le statut de puissance régionale, aux côtés d'Israël et de la Turquie. La régime d'Assad semble trouver dans les soutiens de la Russie et de l'Iran un appui très précieux et le seul rempart contre une ingérence occidentale dans ce conflit qui a déjà fait 15 000 morts selon un décompte de la Ligue syrienne des droits de l'Homme, alors que l'opposition populaire à Assad s'est de plus en plus aguerrie et militarisée, trouvant des appuis financiers des pays du Golfe, notamment d'Arabie Saoudite. Moscou, tout en continuant de défendre le régime de Assad qu'elle considère comme représentatif d'une grande partie des Syriens, n'en fait pas moins jouer à sa diplomatie un rôle équilibrée, elle qui vient d'appeler, par la voix de son chef de la diplomatie, Sergueï Lavrov, le régime syrien à prêter plus d'écoute aux propositions de sortie de crise de l'émissaire onusien, Kofi Annan. Ce dernier, certainement, retrouvera grâce auprès de la Syrie, surtout qu'il vient d'appeler à une intégration de l'Iran dans le processus de sortie de crise.