Reproche - La Russie a mis en garde Damas contre un risque d'escalade de la crise si le régime n'écoutait pas les conseils de son allié russe. «Malheureusement, tous nos conseils, et de loin, n'ont pas été suivis d'effet et n'ont pas toujours été mis en pratique en temps voulu, loin de là», a déploré le chef de la diplomatie russe, Sergueï Lavrov, lors d'une séance de questions-réponses à la chambre basse du Parlement (Douma). Le régime de Bachar al-Assad a «introduit de bonnes réformes qui renouvellent le système et l'ouvrent au pluralisme, mais cela est fait avec un gros retard», a critiqué M. Lavrov. La proposition d'entamer un dialogue inter-syrien intervient elle aussi «avec retard», a renchéri le ministre russe, avertissant que cette «inertie» pourrait finir par «engloutir tout le monde». Ces déclarations interviennent au lendemain de l'annonce par Bachar al-Assad de la tenue d'élections législatives le 7 mai, les premières depuis le début de la révolte. La communauté internationale attendait une réponse du président syrien aux «propositions concrètes» faites le week-end dernier par l'émissaire de l'ONU et de la Ligue arabe, Kofi Annan, notamment un arrêt immédiat des violences, un accès donné aux organisations humanitaires et l'ouverture d'un dialogue. Des pays occidentaux ont appelé la Russie et la Chine, membres permanents du Conseil de sécurité de l'ONU qui ont mis leur veto à deux résolutions condamnant la répression en Syrie, à se joindre à eux pour tenter d'obtenir la fin d'un an de violences. La semaine dernière, la Russie a rejeté un nouveau projet de résolution américain sur la Syrie au Conseil de sécurité. Ce texte qui exige du régime l'arrêt «immédiat» des violences et appelle l'opposition à «s'abstenir de toute violence» au cas où le pouvoir se plierait aux exigences de cette résolution, est jugé déséquilibré par Moscou. Mais M. Lavrov a insisté sur le fait que la Russie faisait tout ce qu'elle pouvait pour contribuer à résoudre le conflit, soulignant que Moscou gardait une capacité d'influence sur le régime d'Assad. «La partie dans le conflit sur laquelle nous avons de l'influence est le gouvernement de Bachar al-Assad», a reconnu M. Lavrov, observant que Moscou ne défendait «pas le régime syrien mais la justice dans le pays». Sur le terrain, l'armée syrienne a repris hier le contrôle d'Idleb. En effet, deux semaines après avoir investi le quartier de Baba Amr à Homs (centre), l'armée est entrée dans l'important fief rebelle d'Idleb (nord-ouest), près de la frontière turque. «Il n'y a plus de combats à Idleb, l'Armée syrienne libre (ASL) s'est retirée et l'armée a pris d'assaut toute la ville et mène des perquisitions maison par maison», a affirmé une source locale. Outre l'infériorité militaire, l'opposition connaît aussi des divisions. Haitham al-Maleh, Kamal al-Labwani et Catherine al-Talli ont annoncé qu'ils claquaient la porte du Conseil national syrien (CNS) en raison de «divergences» et de l' «inefficacité» de la principale coalition de l'opposition.