Pour la première fois dans l'histoire de l'Egypte, un islamiste a été élu pour diriger le pays. Le Frère musulman Mohamed Morsi a été déclaré vainqueur de la présidentielle égyptienne. Ainsi, c'est le fruit du «printemps arabe» qui a détrôné un dictateur pour mettre en place un théocrate. M. Morsi a obtenu plus de 13 millions de voix contre plus de douze millions à son rival Ahmed Chafik. Le taux de participation au second tour de l'élection présidentielle égyptienne, les 16 et 17 juin, s'est élevé à 51%. La participation lors du premier tour, les 23 et 24 mai, de cette première élection présidentielle depuis la chute de Hosni Moubarak en février 2011, avait été de 46%. Ainsi, ce n'est pas une surprise. Les démocrates n'ont pas de place pour l'instant dans l'ensemble des pays arabo-musulmans et dans les pays du tiers-monde. Par ce résultat, le conseil militaire espère rendre le calme dans les rues d'Egypte. Malheureusement, ce n'est pas le cas, au même moment où le président de la commission a déclaré Mohamed Morsi vainqueur, des milliers de manifestants ont scandé des slogans anti-armée au niveau de la place Tahrir. Les manifestants ont déclaré qu'ils continuaient leur sit-in. Les Frères musulmans qui étaient interdits d'exercer en politique après avoir assassiné Anouar Sadate se retrouve aujourd'hui sur la plus haute marche du pays. Plusieurs questions méritent d'être posées, entre autres, quelle sera la relation de l'armée avec le nouveau président de la République ? Nous n'apprenons rien à personne sur le programme des Frères musulmans qui ont pour objectif l'instauration d'un état islamique en Egypte. Que fera l'institution militaire dans le cas où le «morchid» de la confrérie et M. Morsi mettent en application leur projet désastreux ? Est-ce que les militaires permettent cet état de fait ou vont s'opposer à ce projet ? Dans le cas de la seconde hypothèse, que fera l'armée pour bloquer le projet des islamistes ? L'Egypte va-t-elle subir un coup d'Etat militaire ? Quel sort sera réservé à Hosni Moubarak, ses enfants et à l'ensemble de ses responsables ? Quelle sera la politique des islamistes avec Israël ? Moult questions qui demeurent pour l'instant sans réponse. En somme, l'Egypte qui vient à peine de sortir d'un tunnel va sans aucun doute s'enfermer dans un souterrain, dont la sortie sera très dure à trouver.