L'Algérie va fêter, le 5 juillet 2012, cinquante (50) années d'indépendance politique après une longue colonisation française. Lors du référendum d'autodétermination de l'Algérie où les électeurs ont eu à se prononcer par «Oui» ou par «Non» sur la question suivante : «Voulez-vous que l'Algérie devienne un Etat indépendant coopérant avec la France dans les conditions définies par les déclarations du 19 mars 1962 ?», le Oui l'emporte par 99,72 %. La France reconnaît l'indépendance de l'Algérie le 3 juillet et celle-ci est proclamée le 5 juillet 1962. La présente contribution se propose de retracer la dynamique historique de 1962 à 2012 en insistant sur les événements socioéconomiques et qui a connu plusieurs dirigeants : Ahmed Ben Bella (1962 à 1965), Houari Boumediene (1965 à 1978), Rabah Bitat (par intérim, 1978 à 1979), Chadli Bendjedid (1979 à 1992), Abdelmalek Benhabylès (par intérim) du 11 janvier au 14 janvier 1992, Mohamed Boudiaf (1992 ), Ali Kafi (président du HCE, 1992 à 1994), Liamine Zeroual (1994 à 1999) et Abdelaziz Bouteflika (1999 à aujourd'hui). Suite à ma contribution certainement imparfaite «Histoire de l'Algérie de la période des Numides, IVe siècle avant J.-C. à 2012», cette partie se propose d'analyser les fondements historiques des politiques socioéconomiques de l'Algérie de juillet 1962 à juin 2012. Le président de la République, dans son discours du 08 mai 2012, a évoqué la fin de la légitimité révolutionnaire et annoncé qu'il ne se représenterait pas à un quatrième mandat. Par la suite, ont été organisées, le 10 mai 2012, les élections législatives avec une participation officielle de 43,14% et un nombre de bulletins nuls de 1 704 047. Pour le FLN, le nombre des suffrages recueillis a été de 1 324 363 voix pour 208 sièges alors qu'en mai 2007 il avait obtenu 1315 686 voix pour 136 sièges bien qu'ayant assisté à un nombre d'électeurs inscrits de 21 645 841 contre 18 760 400 pour mai 2007, soit un accroissement de 2 905 241 de votants. C'est une régression, comme l'atteste le ratio nombre de sièges par rapport au total qui donne 45,02% ; le ratio suffrages recueillis sur nombre d'inscrits a été de 6,11%, moins que la fois précédente. Le ratio par rapport aux votants de 14,18%, le ratio suffrages sur suffrages exprimés de 17,34% et le ratio par rapport aux votants est de 14,18%. Quant au Rassemblement national démocratique (RND), le nombre de suffrages recueillis a été de 524 057 de voix pour un nombre de sièges de 68 et, pour mai 2007, 591.310 voix pour 61 sièges ; là aussi, il y a une nette régression. Pour le RND, pour mai 2012, le ratio par rapport au total sièges est de 14,71%, le ratio suffrages recueillis sur nombre d'inscrits de 2,42%, le ratio par rapport aux votants de 5,61% et le ratio suffrages sur suffrages exprimés de 6,86%. Des élections locales sont prévues en novembre 2012,afin de préparer la révision de la Constitution prévue en principe durant le premier trimestre 2013. Celle-ci sera adoptée par les deux chambres en cas où elle ne modifierait pas les équilibres fondamentaux et par référendum, le cas contraire devant en principe limiter le nombre de mandats et aller vers un régime semi-présidentiel où le gouvernement serait issu de la majorité parlementaire. La future élection présidentielle est prévue, sauf imprévu, le 8 avril 2014. Avec les tensions géopolitiques actuelles, notamment au Sahel et en Syrie, et des tensions sociales de plus en plus criardes au niveau interne, on assistera vraisemblablement, à moins d'un événement intérieur et extérieur imprévisible, au statu quo, donc à la gestion courante et à la distribution de la rente des hydrocarbures pour temporairement calmer le front social jusqu'à avril 2014 et certainement jusqu'à juin 2014 après que le nouveau Président ait prêté serment et formé un nouveau gouvernement. En conclusion, notre jeunesse a besoin de connaître son histoire, très riche et qui ne saurait de limiter à la période contemporaine. Cependant, ces «trous» historiques, comme l'assassinat d'Abane Ramdane, ne sont pas propres à l'Algérie, tant que des acteurs seront encore vivants, comme dans toute guerre de libération. C'est le cas de la France durant la Seconde Guerre mondiale. Plus de 70 ans après, nous assistons à des révélations concernant certaines collaborations avec Vichy touchant des personnalités de premier plan. En nous limitant à la période contemporaine, après 50 années d'indépendance politique, nous ne pouvons pas ne pas reconnaître le décalage qui existe entre les potentialités que recèle l'Algérie, et elles sont énormes, et le niveau de développement proprement dérisoire que le pays a atteint après plusieurs décennies d'indépendance. L'entrave principale au développement en Algérie trouve son explication en une gouvernance mitigée provenant de l'entropie. Etant le moteur de la dynamique ou de la léthargie de toute société, nous avons des forces sociales conservatrices rentières dominantes, base du pouvoir actuel, et des forces sociales réformistes minoritaires antagoniques, la majorité de la population, ce «marais» non organisé aspirant à un véritable changement, le pouvoir l'atomisant, transmettant, à travers ses canaux d'information officiels, des messages codés comme «le printemps arabe signifie désordre» et, à l'extérieur, «nous sommes le seul rempart contre le terrorisme» qui se nourrit souvent de la misère engendrée par le système lui même. Cela n'étant pas propre à l'Algérie mais à la majorité des pays arabes, ce qui explique ces révoltes spontanées violentes. Or, à l'international, bien que souvent les intérêts l'emportent sur les aspirations des peuples, ces messages sont de moins en moins crédibles. Aussi, si l'on s'en tient à la période récente 1962-2012, étant dans cette interminable transition, ni économie étatisée, ni économie de marché, le constat est que les réformes sont timidement entamées malgré des discours que contredisent journellement les pratiques sociales. L'Algérie est en syndrome hollandais après 50 années d'indépendance politique : 98% d'exportation d'hydrocarbures à l'état brut et semi-brut, 70-75% des besoins des ménages et des entreprises publiques et privées étant importés, le taux d'intégration ne dépassant 15%, le tout avec des liens dialectiques entre la logique rentière et l‘extension de la sphère informelle avec des tendances monopolistes informelles, ce qui ne peut que conduire à un pouvoir ce que le Premier ministre Ahmed Ouyahia a qualifié le 2 juin 2012 de pouvoir mafieux qui a contribué à l'échec de la politique du gouvernement entre 2002 et 2012. Tout cela renvoyant au fondement d'un pouvoir assis sur la rente des hydrocarbures de 1963 à 2012 qui, malgré des discours, ne peut opérer cette transition d'une économie de rente à une économie hors hydrocarbures (valorisation de l'entreprise créatrice de richesses et son soubassement le savoir) supposant de profonds réaménagements dans les structures du pouvoir. (Suite et fin)