La chancelière allemande Angela Merkel sera à Paris, mercredi, pour préparer le sommet européen de jeudi et vendredi, qui se tiendra à Bruxelles sous la présidence danoise. Le Conseil européen de cette semaine s'annonce crucial, certes, c'est ce qui se dit avant chaque réunion au sommet depuis le débat de la crise des dettes souveraines et la remise en question de l'euro, monnaie commune. Beaucoup de décisions indispensables ont cependant été repoussées jusqu'à ce que s'achève justement le cycle électoral français et grec. La question est maintenant de savoir si un accord pourra être trouvé à Bruxelles, suffisamment clair, vigoureux et complet pour que les terribles marchés financiers se laissent convaincre. Il s'agit de réaffirmer et de prouver que la Grèce reste bien dans la zone euro sur des bases réalistes, c'est-à-dire avec des réformes sévères mais aussi avec la souplesse nécessaire pour leur laisser le temps de réussir sans martyriser davantage un peuple à bout de souffle. Si oui, nul doute que d'autres pays. L'Irlande, le Portugal, l'Espagne, demanderont à bénéficier de semblables conditions. Pour que le processus soit crédible, la France, l'Allemagne et l'Italie devront s'accorder sur les engagements budgétaires draconiens et les mesures en faveur de la croissance. Cela implique des accords techniques difficiles pour lesquels chacun devra mettre du sien. François Hollande, s'appuyant sur les pays méditerranéens, le Belgique et la commission, devrait parvenir à faire des concessions significatives : le pacte budgétaire contre le pacte de croissance, l'Union bancaire contre davantage d'intégration politique. En espérant un miracle au sommet européen des 28 et 29 juin. Un miracle qui se résumerait en un seul mot, celui de «décision» avec «courage» pour sortir de l'«état d'urgence» de la crise dans laquelle se trouveb une Europe plombée par l'austérité. La subite volonté passerait par davantage d'intégration, donc par plus de fédéralisme. Du moins, selon la chancelière Merkel qui préconise, outre le pacte budgétaire, toute une série de réformes nationales structurelles d'inspiration, libérale (marché du travail, privatisations, compétitivité). Elle propose également une union monétaire, pour y parvenir, certes par étapes, elle prend également position en faveur d'une union politique étendant et démocratisant les pouvoirs du parlement européen et de la commission de Bruxelles. Elle envisage même l'élection du président de la Commission européenne au suffrage universel direct et la nomination d'un ministre des Finances européen. Ces suggestions allemandes sont cohérentes, audacieuses, et contraignants. Angela Merkel veut donner le contrôle aux autorités européennes. Elle y conditionne certaines demandes françaises comme les obligations européennes. La donne vient de changer les évènements vont donc s'accélérer. Il est possible et même probable que la crise espagnole, ou la crise grecque, impose dans l'urgence des décisions historiques qui serait prises lors de ce sommet européen de Bruxelles et dans la présidence danoise s'achève sur un bilan mitigé.