Tous les pays ayant signé le pacte budgétaire doivent respecter cet accord, a déclaré, hier, la chancelière allemande Angela Merkel, semblant s'adresser à la France et la Grèce, lors d'une conférence de presse à Berlin. Chacun doit s'en tenir à ce que nous avons décidé. Vingt-cinq pays ont signé le pacte budgétaire, a déclaré Mme Merkel, qui a félicité la Grèce, le Portugal et la Slovénie pour avoir déjà ratifié ce traité de discipline budgétaire. Elle a rappelé que l'Irlande devait se prononcer par référendum fin mai. Cette déclaration faite à la chancellerie, lors d'un point de presse commun avec le Premier ministre slovène Janez Jansa, semblait notamment dirigée contre la France et la Grèce où la politique de rigueur apparaît remise en cause depuis la défaite des gouvernements pro-austérité dimanche. Le président français élu, le socialiste François Hollande, réclame une renégociation du traité de discipline budgétaire signé par 25 pays européens à l'initiative notamment de l'Allemagne, pour y ajouter des mesures de croissance. Des responsables politiques grecs se sont dits également disposés à remettre en cause les engagements de rigueur du pays, massivement rejetés par l'électorat dimanche, inquiétant les marchés et posant la question du maintien du pays dans l'euro. La croissance et des finances solides ne sont pas contradictoires. Des budgets solides sont la condition nécessaire mais pas suffisante de la croissance, a martelé, hier, Mme Merkel, répétant un point de vue déjà exprimé ces dernières semaines. Elle doit recevoir M. Hollande à Berlin le 16 mai, au lendemain de sa prise de fonctions à l'Elysée. Les deux dirigeants s'opposent sur la politique économique en Europe, face à la crise. Mme Merkel est prête à discuter de mesures de croissance mais a refusé jusqu'ici toute renégociation du traité. Le pacte budgétaire n'est pas négociable, avait-elle martelé, lundi. La chancelière est également confrontée à une fronde de l'opposition de gauche au parlement qui menace de ne pas ratifier le pacte budgétaire en l'état et réclame des mesures de croissance à l'image des socialistes français. Une majorité des deux tiers étant nécessaire pour ratifier le texte, la coalition des conservateurs et des libéraux, dirigée par Mme Merkel, doit débuter la semaine prochaine des négociations avec les sociaux-démocrates et les Verts pour trouver un compromis. La chancelière défend le pacte budgétaire tel qu'il est et c'est ce sur quoi se baseront les négociations avec l'opposition, a déclaré, hier, son porte-parole Steffen Seibert, lors d'une conférence de presse ordinaire. Il a indiqué que le gouvernement souhaitait que la procédure soit bouclée avant la pause d'été du parlement, laquelle débute au plus tard le 6 juillet, soit après les élections législatives en France, prévues les 10 et 17 juin. M. Seibert a toutefois précisé que les députés allemands étaient maîtres du calendrier. Mme Merkel espérait au départ un vote le 25 mai, qui semble désormais intenable. Il n'y aura pas de renégociation du pacte, selon Barroso Le président de la Commission européenne José Manuel Barroso, a estimé, hier, qu'il n'y aurait pas de renégociation du pacte de discipline budgétaire qui a été signé en mars par 25 pays de l'UE, contrairement au souhait du nouveau président français, François Hollande. Interrogé lors d'un colloque au Parlement européen à Bruxelles pour savoir s'il y aurait renégociation du pacte budgétaire, M. Barroso, a simplement répondu "non", sans étayer sa réponse. Egalement présent, le président du Parlement européen Martin Schulz a apporté la même réponse à cette question. Les deux responsables politiques se sont en revanche montrés ouverts à la mise en place d'un autre pacte économique européen qui ne soit pas uniquement consacré à la discipline budgétaire. Interrogé sur un tel scénario, ils ont répondu positivement. "Parlez-vous de nouveau traité ou de contrat politique ? Si vous me dites un contrat politique, je vous dis oui", a affirmé M. Barroso. Il n'a pas donné de précision sur le format que pourrait prendre ce contrat et s'est contenté de dire qu'il ne serait pas financé par de nouvelles dettes ou par l'inflation, en réponse à une question lors de ce colloque sur l'avenir de l'Europe au Parlement européen. Le socialiste François Hollande, qui a été élu, dimanche, président de la République française, souhaite "renégocier" ou "compléter" le pacte budgétaire par des mesures censées doper la croissance, mais se heurte au "non" catégorique de la chancelière allemande Angela Merkel, sur ce point. La veille, un membre du directoire de la Banque centrale européenne, Jörg Asmussen, a également affirmé que la France devait appliquer le pacte "tel quel". M. Hollande et Mme Merkel doivent se rencontrer le 16 mai, au lendemain de la prise de fonctions du nouveau président français, et ce sujet sera au cœur d'âpres discussions avant un dîner informel des dirigeants européens le 23 mai, consacré à la croissance et à l'emploi.