De nouvelles donnes liées à la crise en Syrie, sur les plans interne, régional et international, apparaissent suite à l'annonce de la réunion du Groupe de contact sur la Syrie, vendredi dernier, par le médiateur onusien Kofi Annan. Kofi Annan a soutenu sans ambiguïté la «nécessaire participation de l'Iran» à cette réunion, prévue le 30 juin à Genève, et précisé que Téhéran «doit être une partie de la solution de la crise en Syrie». Washington, Paris et Londres n'ont pas tardé à réagir en affichant un niet à la proposition du médiateur onusien qui, pour rappel, a été chargé par le Conseil de sécurité d'un plan pour le règlement de la crise syrienne. La tension est monté d'un cran entre Ankara et Damas après que l'armée syrienne ait abattu un avion de chasse turc qui a pénétré dans l'espace aérien de la Syrie, vendredi matin. L'armée syrienne a annoncé, vendredi après-midi, dans un communiqué, «qu'un objet non identifié» avait pénétré l'espace aérien syrien, «à très grande vitesse» et que la défense anti-aérienne a ouvert le feu quand «l'objet était à 1 km au large des côtes syriennes». Suite à quoi, indique le communiqué, «l'objet a pris feu et s'est écrasé dans les eaux territoriales syriennes à environ 10 km des côtes». A la réaction vigoureuse du Premier ministre turc, vendredi, a succédé celle du Président appelant à la modération jusqu'à de plus amples informations sur la question. La rencontre de l'Otan prévue aujourd'hui en réponse à la demande d'Ankara, membre de l'Alliance atlantique depuis 1952, verra sûrement des déclarations de condamnation voire d'avertissement sans aller vers l'adoption de mesures d'ordre militaire comme le stipule la charte de l'Otan, contrairement à l'objectif de certains tels que le Qatar et le Conseil national syrien qui appellent à une intervention militaire en Syrie. Les réactions de Washington et Londres sont des indicateurs quant au contenu de réunion d'aujourd'hui des membres de l'Alliance atlantique. Si Washington a promis de travailler avec Ankara sur une «réaction appropriée», Londres a indiqué que la tension entre Damas et Ankra ne modifie pas fondamentalement le traitement par les Occidentaux de la crise syrienne. A cela vient s'ajouter les nouvelles sanctions décidées par l'Union européenne contre la Syrie, la demande de Téhéran invitant Ankara et Damas à faire preuve de retenue et celle d'Ankara relative à la médiation iranienne pour élucider l'affaire de l'avion turc abattu par l'armée syrienne. Par ailleurs, le tête-à-tête entre Obama et Poutine au sommet du G20, au cours duquel Moscou a réaffirmé son opposition à toute action militaire étrangère en Syrie, semble avoir été un feu vert à l'annonce de Kofi Annan. La réunion prévue le 30 juin à Genève devrait être l'espace qui verra l'amorce d'un processus de dialogue entre les parties syriennes, gouvernement et opposition, alors que certains opposants de l'extérieur ne semblent pas s'y inscrire. Peut- être un des facteurs qui a fait réagir certains acteurs européens qui voient «très mal» la mainmise d'Ankara et du Qatar sur le Conseil national syrien qu'abrite la Turquie. Autre donne qui marque un nouveau tournant dans le traitement de la crise syrienne, l'appel lancé, vendredi dernier, par le médiateur onusien, lequel a invité «les groupes armés à rendre leurs armes dans l'intérêt de la Syrie et du peuple syrien». Kofi Annan s'adresse aussi indirectement à ceux qui apportent assistance et fournitures aux groupes armées. Rappelons que le plan du médiateur comprend en premier lieu la cessation de la violence en Syrie et que si Damas a été acculé à ce propos, Kofi Annan vient de le signifier sans ambiguïté pour la première fois en direction des groupes armés.