Les chefs d'Etat et de gouvernement ont trouvé un accord dans la longue et épuisante nuit de jeudi à vendredi à Bruxelles, pour sauver les banques espagnole et italienne. Le compromis devrait donner de l'air à la zone euro. Les dirigeants européens ont surpris en accouchant d'un accord avec un plan pour la croissance et des mesures de souplesse, pour soulager les plus faibles, grâce aux génies et à la ténacité du Premier ministre italien, Mario Monti. Cet accord figure comme la deuxième victoire, en un soir, de l'Italie sur l'Allemagne d'Angela Merkel. Cette dernière, à son habitude, a résisté jusqu'au bout de la nuit, avant de céder quelques pouces de terrain. Elle a fini par signer une nouvelle garantie de dettes et par accepter d'aller voir son banquier, en l'occurrence, la Banque centrale européenne (BCE), pour éviter le crash immédiat. Elle n'a pas capitulé pour autant. Les Espagnoles et les Italiens, dont les banques bénéficient de la bouffée d'oxygène de ce vendredi, appliquent déjà leurs préceptes de rigueur et d'austérité depuis de long mois, et le président Hollande a promis dans la foulée du sommet, de faire ratifier par le Parlement français le pacte budgétaire et appelle à la ratification de la «règle d'or» (le pacte «Merkozy»), arguant qu'il est complété par un «pacte de croissance» : les 120 milliards d'euros dans les cartons de Bruxelles depuis novembre dernier, à partager entre les pays de l'Union quasiment en faillite. Le compromis arraché à l'aube sous la présidence danoise nage encore dans les eaux floues. Déjà dans son énoncé à résumer très simplement : les Etats en difficulté mais respectueux des engagements budgétaires européens, peuvent faire appel aux milliards des fonds de secours, plutôt qu'aux chers marchés financiers, pour recapitaliser leurs banques. Toutefois, sous des conditions restant à définir avant la fin de l'année pour les procédures de surveillance et l'ébauche d'une «union bancaire» sous l'égide de la BCE de Francfort et sous l'œil méfiant d'Angela Merkel. L'annonce a eu un fort impact psychologique comme le montre l'accueil par les bourses qui ont clôturé, hier, en forte hausse. Les valeurs bancaires se sont envolées, les taux des emprunts espagnols et italiens ont baissé et le «Bond» allemand a monté, peut-être par ce qu'il n'est désormais plus tout à fait considéré comme une valeur refuge dans la crise de l'euro. Encore faut-il rappeler les nouvelles donnes politiques dans l'Union européenne (UE). D'abord, le pivot franco-allemand s'est évanoui, puisque c'est le duo Italie-Espagne qui a su ébrécher le mur du Nein allemand avec la complicité de la France. Un bouleversement aux conséquences imprévisibles. Ensuite, l'accord ouvre la loi à une mutualisation forcément accompagnée tôt ou tard d'une réunion politique avec transfert de souveraineté, sous le signe de la responsabilité budgétaire, donc celui de la rigueur. Enfin le compromis de Bruxelles aura des répercussions en politique intérieure des Etats de l'Union notamment en Allemagne. Reste l'autre évidence, l'accord profite à l'Euro et aux banques, mais pas aux chômeurs de l'UE.