Certains historiens attribuent le déclenchement de la guerre d'Algérie à mai 1945, date des massacres à grande échelle de la population civile dans l'Est du pays. Les batailles depuis 1932, de causes à effets, ont démontré le jour même de la libération de la France du joug nazie par les tirailleurs algériens, et africains aux côtés des troupes alliées, le caractère monstrueux de la colonisation. Ce 8 mai 1945 en droite ligne de la Charte de l'Atlantique de 1941 proclamant le droit à l'autodétermination de tous les peuples, à Sétif, des membres du PPA défilent avec les pieds-noirs fêtant la libération de la métropole. Les Algériens tout en réclamant la libération de leur chef Messali Hadj brandissent le drapeau algérien. Des heurts éclatent entre manifestants. Certains historiens évoquent d'abord une boucherie, dont se seraient rendus coupables des nationaux dans les quartiers français. Tandis que selon d'autres versions l'insurrection a dégénéré pour gagner les villes voisines. L'armée française, la milice composée de colons, l'aviation et même la marine se sont adonné à des massacres en série sous le commandement du général Duval, qui a mis à exécution les termes d'un télégramme daté du 11 mai 1945 émanant du chef du gouvernement français, le général De Gaulle. La répression fut terrible dans tout le Constantinois. On compte 45 000 morts. Le gouvernement français n'en reconnaît qu'une quinzaine de milliers. Parmi les victimes, on dénombre des femmes, des enfants, et des vieillards qui n'ont pu fuir. Une commission patronnée par le général Paul Tubert sur instruction du général De Gaulle camoufle la vérité en enfouissant les cadavres dans des fours à chaux, sinon en les brûlant lorsqu'ils n'étaient largués en mer vifs. Les qualificatifs ne sont pas assez puissants pour décrire la particularité de ces crimes monstrueux. Pour beaucoup d'historiens, 1945 est la date qui a mis en branle le déclenchement de la guerre d'Algérie. Cette date charnière fut pour la suite des évènements le symbole d'une rupture avec les partisans de l'assimilation, autrement de l'autonomie. La réorganisation de la résistance devenait nécessaire. Le regroupement des mouvements nationalistes algériens qui militaient au sein d'associations autour de Ferhat Abbas ou au Parti populaire algérien (PPA) préparèrent dès lors les conditions politiques pour déclarer une guerre sans merci à la France. Les radicaux, d'anciens militants au PPA, entreront dans la clandestinité pour former l'Organisation secrète (OS), l'embryon du bras armé du Comité révolutionnaire pour l'unité et l'action (CRUA) qui deviendra le Front de libération nationale. C'est le FLN qui provoquera une série d'attentats à travers plusieurs régions d'Algérie. Le 1er novembre 1954 marquera l'entrée des Algériens en guerre contre le colonialisme français. Une guerre qui durera jusqu'en juillet 1962, date de la proclamation de l'indépendance après 132 ans d'occupation. En réalité, la guerre a duré 132 ans, puisque les historiens ont enregistré des batailles frontales entre les armées algériennes et françaises dès le début des années 1833 et 1834. Des archives révèlent qu'en 1834, un premier traité de paix et d'échange de prisonniers avait été signé entre des généraux français et des chefs de guerre algériens qui avaient le grade d'émirs.