Mohammed Ibn Larbi Ibn Cheikh Ibn Mohammed Ibn Brahim Ibn Attaj Ibn Sidi Cheikh Abdelkader, dit Cheikh Bouamama, né en 1833 et mort le 7 octobre 1908, était à la fois une figure historique, un combattant reconnu et un personnage mystique. Durant cette phase difficile de l'histoire d'Algérie, sa famille fut obligée de s'exiler, de quitter le pays pour s'établir en territoire marocain. Les études académiques qui ont abordé la résistance des Touareg dans la région du Hoggar ont démontré de façon indiscutable que l'essence de ces révoltes était le refus du colonialisme. La deuxième cause fut la découverte par les populations touareg des véritables motivations cachées derrière les missions françaises qui se sont succédé dans la région et qui consistaient en réalité à mettre en place les voies susceptibles de faciliter l'occupation et la domination de la région par la force, en encourageant la christianisation des populations. Etapes de la résistance des Touareg Première étape Echec des premières missions Les populations touareg ont estimé nécessaire de faire face à ces missions de reconnaissance et de prospection et de tout mettre en œuvre pour les faire échouer car leur objectif consistait en réalité à préparer le terrain à l'occupation de la région. Il en va de même des missions. Deuxième étape Emergence du cheikh Amoud Cheikh Amoud fut l'un des résistants et héros des révoltes populaires durant cette période. En effet, lorsque l'intérêt des Français pour le sud algérien se développa, la résistance du Cheikh Amoud se manifesta en tant que défi nationaliste lancé à la puissance coloniale. Les actions au cours de cette résistance consistèrent à liquider toutes les missions aussi bien religieuses que militaires. Troisième étape Répercussions de la résistance des Touareg sur la situation au Sahara. La liquidation de la mission du colonel Flatters le 16 avril 1881 est considérée comme le début d'une nouvelle étape dans la résistance des Touareg dont les répercussions sur la résistance populaire furent positives, assurant sa continuité et mettant d'autre part momentanément un terme aux ambitions du colonialisme d'occuper le Sahara Réactions des forces françaises Cette situation poussa les autorités françaises à réfléchir à la mise en place d'un nouveau plan conforme à sa politique d'occupation du Sud et ce, à travers la création de postes militaires avancés au cœur du Sahara afin de faciliter à l'avenir le travail des missions. C'est ce qui se produisit au cours des années 1893 et 1894. Par ailleurs, cette étape constitua un second souffle pour la résistance des populations de l'extrême sud. C'est ce qui arriva à la mission de Colo lequel fut tué le 31 octobre 1891 avec ses hommes dans la région d'El-Goléa. Toutefois, la poursuite par l'ennemi de la liquidation des soutiens de la résistance à travers les massacres commis sur les insurgés lui a permis d'établir sa présence dans cette région. 8 mai 1945 à Sétif Chronique d'un massacre annoncé Pour célébrer la chute de l'Allemagne nazie, les nationalistes algériens des Amis du manifeste et de la liberté (AML) de Ferhat Abbas et du PPA (dissous) de Messali Hadj (en résidence surveillée) organisent un défilé à Sétif avec les drapeaux alliés en tête. Des pancartes et drapeau algériens sont déployés. Les pancartes portent les slogans «Libérez Messali», «Vive l'Algérie libre et indépendante», «Vive la charte de l'Atlantique», «A bas le colonialisme». Bouzid Saâl, qui refuse de baisser le drapeau algérien qu'il brandit, est assassiné par un policier à bout pourtant. Cela déclenche une émeute qui sera suivie d'une répression atroce. Au printemps 1945, l'ambiance est tendue parmi la population européenne. Des bruits alarmistes circulent sur un imminent soulèvement musulman. D'autant que l'Algérie connaît depuis quelques mois une situation alimentaire catastrophique, résultat de l'absence de presque tous les hommes valides. Messali Hadj est déporté à Brazzaville le 23 avril 1945. Le PPA organise, le 1er mai, dans tout le pays, des manifestations qui se veulent pacifiques et sans armes, et où pour la première fois est brandi un drapeau algérien. Les manifestations se sont passées dans le calme sauf à Alger et à Oran où ont eu lieu des affrontements avec la police ; la répression était brutale faisant plusieurs morts. Quelques jours plus tard, c'est l'annonce de la reddition allemande. C'est la fin de la guerre : des manifestations étaient prévues un peu partout pour le 8 mai. Répression et massacres A Sétif, le rassemblement séparé des manifestations officielles est autorisé à condition qu'il n'ait pas un caractère politique. Aucune bannière ou autre, symbole revendicatif n'est toléré. Un drapeau autre que celui de la France ne doit en aucun cas être déployé. Les slogans anti-français sont également interdits tout comme le port d'armes, de bâtons ou de couteaux. Les manifestants envahissent les rues dès 8h du matin. Estimés à plus de 10 000 personnes, ils se mettent en branle chantant l'hymne nationaliste Min Djibalin (du haut de nos montagnes). Ils défilent avec des drapeaux des pays alliés vainqueurs du nazisme. Bravant l'interdit, ils brandissent aussi des pancartes sur lesquelles des tracts significatifs sont inscrits comme «Nous voulons être vos égaux». Le pas est franchi. Quelques instants plus tard, et alors que la tension monte de plusieurs crans, c'est en chiens de faïence que se regardent manifestations et policiers déployés en grand nombre en cette journée de fête qui ne tardera pas à tourner au drame. «Vive l'Algérie libre et Indépendante» met la poudre au feu. En tête de la manifestation, Aissa Cheraga, chef d'une patrouille de scouts musulmans, arbore le drapeau algérien, l'occasion pour le commissaire Olivieri de s'en emparer. Nul ne sait quelles étaient ses intentions mais c'est trop tard, puisque la situation dégénère et prend une tournure tragique. Selon un témoin, des Européens, en marge de la manifestation, se précipitent sur la foule et y mettent leur grain de sel. Les porteurs des banderoles et des drapeaux refusent de céder aux injonctions des policiers. Un jeune homme de 26 ans, Bouzid Saâl, est abattu par un policier. Les autres policiers lui emboîtent le pas en ouvrant le feu à leur tour. C'est la panique générale. Il a fallu du temps pour que les choses reviennent à la normale. L'entrée persuasive des tirailleurs a fait craindre le pire. Mais comme si tout le monde s'est donné le mot, la manifestation de Sétif fait tâche d'huile et un mouvement similaire est signalé dans différents villages environnants. A Aïn Kebira, Beni Aziz, Amouchas, Kherrata et bien d'autres villages, les indigènes affichent bruyamment leur élan de solidarité à leur frères de Sétif. Le soir même, c'est la ville de Guelma qui plonge dans l'horreur. Le sous-préfet Achiary, un ancien résistant, ordonne de tirer sur les manifestants. Des renforts convergent vers la ville pour ramener le calme et, le cas échéant, utiliser la manière pour dissuader les manifestants à continuer leurs mouvements. Un bataillon d'infanterie de Sidi Bel Abbès arrive le 9 dans la journée pour évacuer les Européens encerclés par les émeutiers. Les massacres des jours suivants Dans un télégramme daté du 11 mai 1945, le général de Gaulle, chef du gouvernement français provisoire, ordonne l'intervention de l'armée, sous le commandement du général Duval, qui mène une terrible répression contre la population indigène. La marine y participe grâce à son artillerie, ainsi que l'aviation. Le général Duval rassemble toutes les troupes disponibles, soit deux mille hommes. Ces troupes viennent de la Légion étrangère ; des tabors marocains, qui se trouvaient à Oran en passe d'être démobilisés et qui protestent contre cette augmentation imprévue de la durée de service, une compagnie de réserve de tirailleurs sénégalais d'Oran, des spahis de Tunis et des tirailleurs en garnison à Sétif, Kherrata et Guelma. La répression, menée par l'armée et la milice, est d'une incroyable violence : exécutions sommaires, masacres de civils, bombardements de mechats. Le croiseur Duguay-Trouin et le contre-torpilleur Le Triomphant tirent plus de 800 coups de canon depuis la rade de Béjaïa sur la région de Sétif. L'aviation bombarde plusieurs agglomérations. Une cinquantaine de mechas sont incendiées. Les automitrailleuses font leur apparition dans les villages et tirent à distance sur les populations. Les blindés sont relayés par les militaires arrivés en convois sur les lieux. De nombreux corps ne peuvent être enterrés. Ils sont jetés dans les puits, dans les gorges de Kherrata. Pendant deux mois, l'Est de l'Algérie connaît un déchaînement de folie meurtrière. Un journaliste américain écrira : «It was an open season», pour décrire la chasse à l'homme, à l'indigène devenu une cible sur laquelle les soldats tirent à bout pourtant. Les corps des victimes gisaient partout, dans toutes les rues de ces villes meurtries et sans défense. Les milices poussent l'horreur jusqu'à exécuter sommairement successivement des dizaines, voir des centaines d'Algériens qui, avant de mourir, devaient creuser leurs tombes. A Guelma, les prisonniers sont transportés en dehors de la ville, à Kef El-Boumba, près d'Héliopolis, où ils sont tous abattus. Des corps arrosés d'essence sont brûlés sur la place publique ou dans les fours à chaux. Des groupes entiers de prisonniers, enchaînés et alignés, sont écrasés par les roues de chars, des nourrissons sont pris par les pieds pour être projetés contre les rochers. Les blindés et l'artillerie, aidés par l'aviation, pilonnent toutes les «zones de dissidence». L'horreur avait atteint son comblé. De nombreux musulmans, dirigeants politiques et militants, du Parti du peuple algérien (PPA), des Amis du manifeste des libertés (AML) (dont le fondateur Ferhat Abbas) et de l'association des oulémas furent arrêtés. Lorsqu'une faction ou un douar demandait l'aman (le pardon), l'armée réclamait les coupables. Le 28 février 1946, le rapporteur de la loi d'amnistie ( qui fût votée) déclarait en séance : «Quatre mille cinq cents arrestations sont effectuées, quatre-vingt-dix-neuf condamnations à mort sont prononcées, soixante-quatre condamnations aux travaux forcés à temps. Deux mille cinq cents autres indigènes attendent encore d'être jugés.» La répression prend fin officiellement le 22 mai. L'armée organise des cérémonies de soumission où tous les hommes doivent se prosterner devant le drapeau français et répéter en chœur : «Nous sommes des chiens et Ferhat Abbas est un chien.» Des officiers exigent la soumission publique des derniers insurgés sur la plage des Falaises, non loin de Kherrata. Certains, après ces cérémonies, sont embarqués et assassinés. Pendant de long mois, les Algériens musulmans continuèrent à fuir pour se mettre à l'abri, au bruit de chaque mouvement suspect du colonialiste. Les évènements de Sétif, Guelma et Kherrata sont les précurseurs de lendemains encore plus sanglants mais aussi de la naissance de mouvements indépendantistes prêts à entrer en action pour libérer le pays du joug colonialiste. Le 8 mai 1945, plus de 45 000 Algériens ont trouvé la mort dans une répression jamais égalée. Ces tueries, au lieu d'asservir l'indigène, l'ont au contraire encouragé à réfléchir à la manière de faire plier l'ennemi. Le CRUA, né bien après la dissolution de l'OAS, a décidé de passer à l'action. Celle-ci surviendra le 1er novembre 1945 quand ces mêmes indigènes ont décidé de découdre avec l'ennemi.