Les pics de consommation électrique nationale en Algérie se succèdent à un rythme rapide, cet été 2012. Mercredi 12 juillet, la Sonelgaz, entreprise de distribution d'électricité, a enregistré un appel de puissance record matin avec 9 233 MW (mégawatts), atteint à 13h45, suite à la hausse des températures observée à travers tout le pays. Ce pic de consommation dépasse de 1 133 MW la demande maximale de juillet 2011, soit un accroissement à deux chiffres de 12%. La veille, mardi 10 juillet, la consommation électrique nationale avait atteint 9 110 MW à 13h45 et 9 463 MW à 22 heures, ce qui constitue un nouveau record. Le pic enregistré le soir est supérieur de 1 204 MW par rapport au record enregistré il y a une année, soit une hausse de 13%. Le précédent pic de la consommation de l'été en cours s'est produit le mercredi 28 juin avec un appel de puissance de 8 850 MW. A titre de comparaison, la demande record enregistrée en 2011, exactement le dimanche 7 août à 21h15, a été de 8 746 MW, en augmentation de 1 000 MW par rapport au mois d'août 2010. Les responsables du secteur ont fait observer que la puissance globale disponible sur le parc de production le 7 août 2011 (8 335 MW) était insuffisante pour couvrir une telle pointe, des délestages tournants de durées limitées ont alors été organisés par Sonelgaz. Pourtant, l'Algérie compte parmi les pays qui connaissent une forte croissance de la production d'électricité. On ne sait pas jusqu'où montera la consommation électrique cet été. La Sonelgaz s'attend à de nouvelles pointes durant les périodes de canicule. Elle appelle à la rationalisation de la consommation, notamment chez les ménages dont elle attend qu'ils éteignent les appareils électriques non indispensables et n'utilisent qu'un seul climatiseur pendant les heures de pointe (13h-16h et 20h-23h). Dès 2009, le pic de consommation annuel qui, historiquement, est atteint en hiver, s'est déplacé vers l'été avec une pointe dépassant celle de l'hiver de 5,1%. Les spécialistes expliquent ce fait par le recours de plus en plus généralisé à la climatisation. Ils tirent leur conclusion de la comparaison des PMA (puissances maximales appelées) qui fait ressortir l'écart de plusieurs centaines de MW entre deux journées différenciées seulement par un changement de température. Dans le sud du pays, durant l'été, le pic est atteint dans la tranche horaire 12h00 -16h00 en raison, expliquent les spécialistes, de la hausse de la température qui évolue autour de 44 et 48° et qui se traduit par «une demande importante en énergie électrique due au recours à la climatisation pour l'usage domestique et l'irrigation pour les besoins agricoles spécifiques à la région saharienne (irrigation continue en période de chaleur)». Selon la Creg (Commission de régulation électricité et gaz), le dernier recensement général de la population et de l'habitat (RGPH, 2008) a donné un taux de climatisation de 13,8%. En 2011 et en 2012, les ventes de climatiseurs ont connu un développement extraordinaire suite à l'accroissement substantielle des revenus des ménages, due aux augmentations de salaires. D'après le CNIS (Centre national de l'informatique et des statistiques des douanes algériennes), en 2011, plus de 5,6 millions d'appareils de conditionnement d'air ont été importés, soit plus du double qu'en 2010, et pour les cinq premiers mois de l'année 2012, près de 3 millions de ces appareils ont été mis sur le marché national. Le bulletin de la Creg relève qu'«aux Etats-Unis et au Japon, la proportion de maisons avec climatiseur est supérieure à 80%. La possession et l'utilisation des climatiseurs est également en croissance en Europe, en particulier en France, Grèce, Italie et Espagne». Les spécialistes de la Creg estiment que «ces taux d'équipement en climatisation montrent que l'Algérie est encore loin de la saturation et que la pénétration de cet usage est une donnée fondamentale qu'il faudra prendre en compte dans l'établissement des prévisions». Des estimations de l'AIE (Agence internationale de l'énergie) ont montré que près de 9% de la consommation d'électricité des ménages est due à la climatisation. L'efficacité énergétique reste une notion inconnue en Algérie. Une culture de l'abondance, sans fondement réel, inspire la politique de l'offre privilégiée par le gouvernement au détriment de la maîtrise de la demande (pour l'électricité comme pour l'eau).