Plus de 150 personnes ont été tuées jeudi dans la localité de Treimsa (centre), où l'armée a mené de vastes opérations contre des groupes armés et les opposants syriens qui refusent tout dialogue avec le gouvernement. Les autorités syriennes attribuent le massacre de Treimsa à «des groupes terroristes» ainsi qu'aux «médias assoiffés de sang», a rapporté l'agence de presse Sana, hier. «Les médias assoiffés de sang en coopération avec les groupes terroristes armés ont commis un massacre à l'encontre des habitants du village de Treimsa dans la région de Hama pour tenter de mobiliser l'opinion publique contre la Syrie et son peuple et provoquer une intervention étrangère à la veille de la réunion du Conseil de sécurité», a avancé l'agence. L'émissaire international pour la Syrie, Kofi Annan, s'est dit «choqué et effaré» par les violences survenues à Treimsa, et «condamne ces atrocités dans les termes les plus forts». «Il est désespérément urgent que cette violence et ces brutalités cessent et il est plus important que jamais que les gouvernements ayant une influence l'exercent de façon plus effective pour s'assurer que la violence cesse immédiatement», a déclaré Annan dans un communiqué diffusé hier à Genève. Selon lui, il s'agit «d'une violation de l'engagement du gouvernement de cesser l'emploi d'armes lourdes dans les centres de population et de son engagement sur le plan en six points». «Face à ce nouveau rappel du cauchemar et des horreurs auxquels sont soumis les civils syriens», Annan parle de «combats intenses, d'un nombre important de victimes et de l'usage confirmé d'armes lourdes telles que l'artillerie, des chars et des hélicoptères». Il précise que la mission des observateurs de l'ONU en Syrie était prête à se rendre sur place et à «vérifier les faits si et quand les circonstances le permettront». Il demande le respect de la liberté de déplacement de ces observateurs. De son côté, le chef des observateurs internationaux en Syrie, Robert Mood, a exprimé vendredi la disposition de sa mission à «se rendre» à Treimsa en cas de véritable cessez-le-feu dans cette localité, où plus de 150 personnes ont été tuées jeudi. «S'il y a un véritable cessez-le-feu, l'Unsmis est prête à s'y rendre et vérifier les faits», a indiqué le général danois dans un communiqué qu'il a lu lors d'une conférence de presse tenue à Damas. Le chef des observateurs a rappelé que sa mission avait «suspendu ses opérations en raison du niveau inacceptable de violences sur le terrain». «Cependant les observateurs sont toujours stationnés dans les différentes provinces, peuvent voir ce qui se passe dans les environs et sont en relation avec les parties sur le terrain», a-t-il dit. Il a fait état de «combats permanents dans la région de Treimsa dans la province de Hama». Les 300 observateurs de l'ONU étaient arrivés mi-avril pour surveiller un cessez-le-feu approuvé par le gouvernement syrien comme par l'opposition dans le cadre du plan de sortie de crise de l'émissaire international Kofi Annan, resté toutefois lettre morte en raison de la recrudescence des violences. Depuis le 15 juin, ils ont dû cesser leurs opérations en raison de l'accroissement de la violence dans le pays. Tout en reconnaissant l'échec de sa mission de paix en Syrie, M. Annan a appelé jeudi devant le Conseil de sécurité de l'ONU, à la poursuite des efforts afin de parvenir à un règlement de la crise syrienne. Dans ce cadre, il entamera une visite lundi à Moscou pour discuter avec le ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov sur les perspectives d'un règlement de la crise syrienne. «La situation actuelle en Syrie et les perspectives d'un règlement inter-syrien seront au centre des pourparlers», a précisé une source au sein du ministère russe des Affaires étrangères, citée par l'agence Itar-Tass. Lors de cette rencontre, Annan et Lavrov vont probablement aborder la question de la prolongation du mandat de la Mission des observateurs de l'ONU en Syrie, qui expire le 20 juillet, a ajouté cette source, sans autre détail. L'annonce de cette rencontre intervient alors que les quinze membres du Conseil de l'ONU doivent se retrouver plus tard dans la journée à New York pour évoquer un projet de résolution sur la Syrie, après s'être séparés jeudi soir sans décisions. La Syrie fait face à un climat d'instabilité depuis le début en mars 2011 des contestations émaillées de violences qui ont fait des dizaines de milliers de morts, selon les Nations unies. Damas attribue ces violences à «des groupes armés, soutenus par des parties étrangères, cherchant à déstabiliser la Syrie». Tout en reconnaissant l'échec de sa mission en Syrie, l'émissaire de l'ONU et de la Ligue arabe pour la Syrie, Kofi Annan, a appelé jeudi la communauté internationale à poursuivre ses efforts en vue de mettre fin aux violences dans le pays.