Sachant pertinemment que l'échec du plan de règlement de la Ligue arabe signifiait l'internationalisation de la crise syrienne, le régime de Damas se mure dans le silence et poursuit la répression sanglante. Aucune délégation syrienne n'était attendue hier dans la capitale qatarie pour signer l'accord sur l'envoi d'observateurs arabes, malgré le nouvel ultimatum lancé samedi soir par la Ligue arabe, qui annonce davantage de sanctions contre Damas si elle persiste dans son attitude. “Nous sommes entrés en contact pendant la réunion avec Damas et nous avons répondu à leurs demandes d'éclaircissement. Nous avons demandé à ce qu'ils (les responsables syriens) viennent demain à Doha pour signer le protocole et nous sommes dans l'attente d'une réponse”, avait annoncé samedi soir le ministre qatari des Affaires étrangères, cheikh Hamad ben Jassem Al-Thani. De son côté, le chef de la Ligue arabe, Nabil al-Arabi, a quant à lui assuré qu'une éventuelle révision des sanctions dépendrait “de la réponse du gouvernement syrien” aux exigences arabes. Quant aux nouvelles sanctions, elles s'ajouteront à celles déjà en vigueur depuis le 27 novembre dernier, si les Syriens ne se présentent pas au Caire pour signer le document élaboré par la Ligue arabe. Il s'agit en particulier du gel des transactions commerciales avec le gouvernement syrien et de ses comptes bancaires dans les pays arabes. La réunion du comité ministériel arabe samedi soir à Doha a adopté de nouvelles sanctions, dont une liste nominative de 19 personnalités syriennes qui doivent être interdites de voyage dans les pays arabes et dont les avoirs seront gelés dans ces pays. Ceci étant, une porte de secours est encore ouverte comme l'a laissé entendre la déclaration sous-couvert de l'anonymat d'un responsable qatari hier : “S'ils veulent toujours signer qu'ils viennent demain au Caire”. Les responsables syriens se sont contenté jusque-là de demander de nouvelles modifications au texte sans succès, car leurs doléances ont été rejetées. Selon la même source, Damas avait demandé à la Ligue arabe de “nouveaux éclaircissements et de nouvelles modifications au protocole d'accord qui lui est proposé”, ce que les ministres arabes “ont refusé”. Ces derniers ont donné samedi soir à la Syrie un nouveau délai, jusqu'à aujourd'hui, pour signer le protocole sur l'envoi d'observateurs et éviter davantage de sanctions, notamment la réduction de moitié des vols aériens avec la Syrie à partir de la mi-décembre. Pour rappel, le 14 novembre dernier, la Ligue arabe avait décidé l'envoi de 500 membres d'organisations arabes des droits de l'homme, de médias et des observateurs militaires pour s'assurer de la sécurité des populations civiles en Syrie où la répression a fait plus de 4 000 morts depuis la mi-mars selon l'ONU. Mais le régime syrien, qui a déjà laissé passer plusieurs ultimatums arabes sans apporter de réponse, avait critiqué la clause sur l'envoi des observateurs car elle évitait selon lui de mentionner la “nécessité” de coordonner leur déplacement en Syrie avec les autorités. Pendant ce temps, les forces syriennes ont continué à réprimer la contestation alors que le ministre syrien des Affaires étrangères a qualifié de “politiquement motivée” la résolution du Conseil des droits de l'homme de l'ONU condamnant le régime. Liste des 19 personnalités syriennes touchées par des sanctions arabes ll Voici la liste nominative des 19 personnalités syriennes touchées par des sanctions arabes, dont l'interdiction de voyage et le gel des avoirs dans les pays arabes, fournie par la Ligue arabe: - Le général Maher al-Assad, commandant de la quatrième division de l'armée (frère cadet du président Bachar al-Assad). - Rami Makhlouf, richissime homme d'affaires (cousin du président Assad). - Le général Assef Chawkat, chef d'état-major adjoint pour les affaires de sécurité (beau-frère du président Assad). - Le général Daoud Rajha, ministre de la Défense. - Le général Mohammad Ibrahim Chaar, ministre de l'Intérieur. - Le général Abdel Fattah Qudsieh, directeur des renseignements militaires. - Le général Rustom Ghazaleh, un chef des renseignements militaires. - Ayman Jaber, membre du comité central du parti Baas au pouvoir. - Mohamed Jaber, un responsable des services de sécurité. - Le général Jamil al-Hassan, chef de la direction des renseignements de l'aviation. - Le général Jameh Jameh, chef des renseignements militaires à Deir Ezzor. - Le colonel Hafez Makhlouf, chef d'une branche des renseignements généraux (cousin du président Assad). - Atef Najib, ancien directeur de la sécurité politique à Deraa. - Fayçal Kalthoum, ancien gouverneur de Deraa. - Mounzer Jamil al-Assad, homme d'affaires (cousin du président Assad). - Fawaz Jamil al-Assad, un responsable de la sécurité (cousin du président Assad). - Ali Mamlouk, chef des renseignements généraux. - Dhou al-Himma Shalish, chef de la sécurité présidentielle (cousin du président Assad). - Mohammad Dib Zeytoun, chef de la sécurité politique. Une liste précédente élaborée par la Ligue arabe la semaine dernière ne comprenait pas Ali Mamlouk et Mohammad Dib Zeytoun. Merzak Tigrine