Certes, des puissances étrangères se battent en Syrie par Syriens interposés. Des Syriens en quête de pouvoir se battent entre eux sur leur territoire. Des Syriens de confession différente, deux branches de la même religion, se battent entre eux pour des intérêts croisés. Deux puissances musulmanes, s'investissant porteurs de la charge historique de faire triompher le sunisme, pour l'une et le chiisme pour l'autre, s'affrontent également en Syrie. Et pas seulement en Syrie. Il y a des menaces sur les pays arabes, les pays musulmans en général ? La main étrangère en permanence dans ces conflits ? Il y a surtout des vulnérabilités arabes. La première d'entre elles est cette fragmentation dans l'espace arabe suite à des inféodations géopolitiques, menant certains pays à confier leur sécurité à des puissances étrangères, au détriment d'autres pays arabes. Citons au moins un exemple. L'Irak 2003. Pas de résolution onusienne, mais caution arabe régionale pour la guerre qu'entendait livrer l'administration Bush à l'Irak. Explication d'un des Etats du Golfe : «Mon pays a signé un accord de défense avec les Américains.» Ce pays du Golfe omet de souligner qu'il est tenu par la charte de la Ligue arabe à s'engager solidairement et opérationnellement en faveur d'un pays membre agressé par une puissance étrangère. Conclusion : un accord de défense avec une puissance occidentale est supérieur à un accord politico-militaire signé avec n'importe quel autre pays arabe dans le cadre de la charte. En conséquence de quoi les pays arabes sont appelés un jour ou l'autre à payer le prix de leur laxisme quand ils acceptent une violation de la charte arabe dans ce qui concerne la solidarité interarabe face à une agression étrangère. Ils devraient accepter qu'un jour ils en subissent l'effet boomerang.