Les commerçants de volaille en Algérie en général, et à Djelfa en particulier, laissent des plumes en ce Ramadhan. Les citoyens ont décidé de ne plus acheter de poulets à des prix prohibitifs. A Djelfa, où le prix du kilogramme a atteint les 390 et 400 DA, le poulet est resté sur les étals et dans les frigos. Heureusement pour les boucheries que le climat soit frais, sinon... Au cinquième jour du Ramadhan, les Djelfaouis tiennent le coup et ne consomment pas de volaille. Tout en étant la capitale des viandes rouges, Djelfa est aussi une ville où l'on consomme le plus de viande blanche, car la population est consciente de la teneur en cholestérol de la viande ovine. Dans cette ville, il y a plus de commerces de volaille que de boucheries. C'est pourquoi le prix de la viande ovine reste sous la barre des mille dinars. Comme chaque année à l'approche du mois sacré, les spéculateurs font la loi. Ils appliquent la rétention sur certains produits de large consommation pour déséquilibrer le rapport offre/demande et augmenter les prix. Les Algériens se faisaient prendre au piège. C'est ainsi que le citoyen s'en allé en courant et presque fier d'acheter les produits majorés, en insultant parfois la «houkouma». Cette année, il y a une certaine prise de conscience, un sursaut d'orgueil et un sentiment d'honneur ; ils s'abstiennent d'acheter à tour de bras comme d'habitude, gaspillant leurs économies, et boycottent les produits dont les prix ont flambé. La partie de bras de fer est presque gagnée par les citoyens qui ont décidé de ne plus se faire avoir. Ils se défendent en fin de compte face aux commerçants spéculateurs. Si cela continue, les pertes seront colossales et une quantité, de 2OO quintaux environ de viandes blanches sera déclassée et détruite. Les grossistes des légumes ont appris la leçon en voyant cette débâcle du poulet. Ils ont, en une nuit, décidé de faire baisser les prix des légumes. Ainsi, et c'est disparate, les carottes sont passées de 120 à 30 DA, les courgettes de 120 à 30 DA, la tomate saint pierre de saison et du soleil de 90 à 30 DA, la salade Batavia 1er choix de 90 à 50 DA, le poivron de 140 à 80 DA, le piment vert de 140 à 70 DA, les haricots verts de 180 à 90 DA, la pomme de terre rouge bio d'Oued Souf à 50 DA et la pomme de terre blanche les 2 kg pour 50 DA. C'est pour dire l'onde de choc qu'a produite le boycott des viandes blanches ! Pour rappel, une dizaine de jours avant le début du Ramadhan, deux personnes ont succombé suite à une intoxication alimentaire en consommant du poulet «pourri». Il serrait judicieux que les services vétérinaires des wilayas procèdent à des contrôles et fassent détruire les marchandises impropres à la consommation. Il est, parait-il, dans les traditions de certains bouchers de transformer en merguez toutes les viandes déclassées. Il y va de la santé des citoyens.