Au cours de sa campagne électorale des élections présidentielles 2012, François Hollande a promis de changer de politique en matière d'immigration si toutefois les Français lui faisaient confiance. Chose promise, chose due, le ministère de l'Intérieur Manuel Valls a indiqué qu'il se démarquait des décisions prises auparavant par son prédécesseur, annonçant sa décision de ne pas appliquer les nouveaux critères de naturalisation et de mettre fin au pouvoir discrétionnaire de l'administration en matière de régularisation. «La politique du chiffre, la stigmatisation de l'immigration, c'est fini», voulait dire, Manuel Vals. En effet, intervenant devant la commission des lois du Sénat, Manuel Vals a écarté l'hypothèse d'un rétablissement du contrôle aux frontières pour lutter contre une «Europe passoire» comme l'avait souhaitée la droite lors de la campagne présidentielle. «Je suis très attaché au principe de libre circulation et je serai très scrupuleux quant à la préservation de l'acquis Schengen. Je refuse la fermeture unilatérale des frontières», a déclaré le ministre. Sur l'acquisition de la nationalité, M. Valls a fait part de sa décision de «revenir sur les critères» de naturalisation «introduits subrepticement par mon prédécesseur», (Claude Guéant) et qui relèvent, a-t-il dit, d'une «course d'obstacles aléatoire et discriminante». M. Valls a évoqué notamment le test concernant la connaissance de la culture et de l'Histoire de la France, qui devait rentrer en application le 1er juillet. «Des ministres et des sénateurs auraient du mal à y répondre, tellement il est hors des clous», a plaidé le ministre en estimant que le test, sous la forme d'un QCM, «ressemble à un jeu télévisé». Il a évoqué une «politique délibérée» du précédent gouvernement «d'exclure de la nationalité des gens méritants et ne posant aucune difficulté». Résultat, a-t-il dit, «le nombre de naturalisations est en chute libre» et «si rien n'est fait, ce nombre va chuter de 40% entre 2011 et 2012 après une chute de 30% entre 2010 et 2011». «Le défi de l'immigration sera relevé si la naturalisation n'est plus vécue, ou perçue, comme la fin d'un parcours du combattant, mais comme l'issue d'un processus d'intégration qui a sa part d'exigences», a expliqué M. Valls. Il a annoncé une concertation dès cet été avec les associations et les syndicats sur les critères des sans-papiers sans «augmenter le nombre» par rapport à ce qui s'est fait sous la droite. Sur les 30 000 régularisations annuelles effectuées sous le précédent gouvernement, il y en avait 15 000 purement discrétionnaires», a accusé M. Valls. Les critères «portent sur les années de présence sur le territoire, les attaches familiales, la scolarisation des enfants, la situation par rapport au travail, donc sur ce qui fait la réalité d'une vie construite sur notre territoire», a-t-il détaillé, en annonçant la création d'un titre de séjour pluriannuel (trois ans contre un an actuellement). Par ailleurs, un projet de loi devant être présenté à l'automne va «mettre fin au délit de solidarité qui permet de poursuivre l'aide désintéressée apportée à des étrangers en situation irrégulière, sur la même base juridique utilisée pour les filières criminelles d'immigration». Des militants associatifs ont ainsi été poursuivis en justice pour avoir porté assistance à des sans-papiers. La mise en garde à vue pour un étranger pour le motif de séjour irrégulier ne serait plus de l'administration française sous la coupe des socialistes et des partis de gauche. Ainsi, l'annulation des mesures jugées discriminatoires a trouvé écho même chez les Français de souche. Ces derniers voulaient redonner à la France sa véritable image, celle d'un pays d'accueil et de fraternité.